Mercredi matin. 1h00 AM. Direct C8. Dans cette dernière opposition pour le gain de la seconde édition du tournoi SheBelievesCup, les Bleues (3è FIFA) se trouvent exactement au milieu du gué pour, soit finir le tournoi en apothéose, en le remportant si elles gagnent leur match (7 pts, 2V, 1N) face aux américaines (1er FIFA) ce qui serait une réelle performance puisque les françaises n’ont jamais gagné les américaines aux Etats-Unis même si le (2-2) de 2014 à EAST HARTFORD en était tout proche ; ou se retrouver dans une situation moins confortable à quelques mois de l’Euro si elles devaient subir les foudres américaines, obligeant les observateurs à se souvenir des contenus difficiles face à l’Angleterre (5è FIFA, 1-2) et l’Allemagne (0-0, 2è FIFA).

La France, cette inconnue aux forces nouvelles.

La qualité française : sa défense.

Est-ce volontaire ? Est-ce involontaire ? Mais la force française qui était auparavant créatrice et offensive se retrouve maintenant dans l’abnégation défensive avec des capacités prononcées et évidentes à subir la pression adverse sans plier en retour.

La première mi-temps face à l’Angleterre où les Bleues ont subi un impact sans précédent en a été une première illustration pour n’avoir craqué qu’une seule fois sur un tir de loin à la 32′ (1-2) et il se peut que, dans le futur, on illustre les matches avec les noms des joueuses défensives plutôt que celles du secteur offensif.

La présence physique, tactique et maintenant mentale de Wendie Renard semble essentielle pour contenir les velléités adverses et Sarah Bouhaddi, si elle gomme ses défauts ponctuels de concentration (le dégagement qui va dans les pieds de Dzsenifer Marozsan ?), a toutes les qualités pour réellement devenir la meilleure gardienne du monde ; montrant, avec plus de sollicitations, ses réactions justes et opiniâtres dans les duels que le football féminin proposent.  A cet égard, sa capacité à stopper des penalties n’est pas inutile (France-Allemagne, Mandy Islaker, 2017; Wolfsburg – OL en finale de la WCL 2016 ; comme auparavant celui de Abby Wambach à Lorient, 2015). A défaut, il faudra faire jouer la concurrence car la France va avoir besoin d’une gardienne, cela semble évident.

Sarah Bouhaddi arrête le pénalty d'Abby Wambach Crédit Gianni Pablo #lesfeminines.fr

Sarah Bouhaddi arrête le pénalty d’Abby Wambach Crédit Gianni Pablo #lesfeminines.fr

Les réserves dans ce domaine sont importantes et les blessures ou événements malheureux de Griedge MBock (OL) comme de Jessica Houara d’Hommeaux (OL) qualitativement remplacée par Sakina Karchaoui et Eve Perisset tout en pouvant être supplées par Laura Georges, titulaire comme Grace Geyoro montrent que le secteur défensif est au top mondial d’autant plus si on rajoute Méline Gérard qui à chaque entrée a fait sa partie. Sans oublier celles qui sur le banc, ne peuvent pas entrer, sans en manquer d’envies.

Un secteur offensif pour qui l’efficacité s’impose. 

Le bât blesse plus dans l’animation offensive où la France n’arrive plus, face aux nations du Top 5, à faire reculer l’équipe adverse pour lui mettre le feu ce qui oblige l’avant-centre, là Marie Laure Delie (PSG), meilleure réalisatrice en activité des bleues à jouer constamment en appui en espérant avoir une balle qui puisse être exploitable dans la surface.

Occasion souvent obtenue maintenant par des centres là où auparavant, elle venait par des jeux à trois en déviation, face au but. Louisa Necib n’est plus là et la complémentarité avec Gaetane Thiney déséquilibrait les défenses adverses et permettait à Camille Abily, de peaufiner les situations par des placements judicieux quand, aujourd’hui, elle est devenue par la force des choses, la dépositaire du jeu des Bleues qui n’a pas l’habitude de dépendre d’une seule actrice.

Cette réalité peut donner tous les titres mais aussi toutes les fessées du monde. 

La France est exactement dans cette double situation. Les adversaires du plus haut niveau ont intégré qu’elles peuvent maintenant avoir la possession et les intentions ; quand auparavant, cela relevait quasiment du rêve face à la France. Elles vont donc essayer de faire plier les françaises.

Et là, tout dépendra de la défense et de sa qualité.

Pour la France, elle restera dans l’inconnue de la victoire car elle dépendra de l’efficacité et de l’efficience du secteur offensif (Eugènie Le Sommer, Kadidiatou Diani, Marie-Laure Delie) qui doit s’imposer à la défense adverse, de la première à la dernière minute. (Angleterre-France, 80′ et 95′ 1-2). A défaut, la rencontre se finira par un match nul ce qui risque d’être bien plus courant.

Les américaines ne peuvent pas se permettre de perdre.

Bien qu’il s’agisse d’un tournoi amical, le Top 5 mondial a les yeux rivés sur 2019 et la Coupe du Monde en France. Les américaines, triple championne du monde, 1ère FIFA veulent s’approprier le trophée pour réaliser une performance à la brésilienne (5 coupes du Monde chez les hommes) et donner du sens à leurs revendications : « Equal Play – Equal Pay » qui se justifie d’autant mieux qu’elles restent plus performantes que les hommes.

Les américaines montent au créneau. lesfeminines.fr

Les américaines montent au créneau. lesfeminines.fr

En cette journée du 8 mars (Journée Internationale de la Femme), ce serait bien le Diable qui les ferait perdre face à la France après avoir été éliminées par la Suède de Pia Sundhage (0-0 aux tab) lors d’un quart de finale des JO de Rio quand elles présentaient un palmarès extraordinaire de 4 médailles d’Or et d’1 d’argent sur les cinq dernières olympiades du football féminin (1996, 2000, 2004, 20008, 2012) ! On se souvient des conséquences des propos de la versatile Hope Solo qui avait traitée l’équipe suédoise de « couards », coachée par Pia Sundhage. Une statue et une stature de l’autre côté de l’Atlantique avec ses deux médailles d’or olympiques.

la crédibilité américaine.

Jill Ellis, meilleur coach FIFA 2015 avec l’obtention de la Coupe du Monde au Canada, joue une carte importante. La crédibilité américaine. Elle avait d’ailleurs repris l’équipe dans un moment difficile puisqu’elle avait terminé 7-8è du célèbre tournoi de l’Algarve qui auparavant, à la même époque, occupait les meilleures nations.

Une nouvelle défaite à domicile de rang ? Et les Etats-Unis ne feraient plus peur après celle face à l’Angleterre à la 90′ lors de cette seconde journée ! Deux défaites pour les américaines, ce serait une première ! En plus sur leurs Terres ! Du jamais vu quand la Chine de Bruno Bini avait mis fin à leur record mondial de longévité à domicile, en 2015 : onze ans ! C’est vous dire ..

Le football féminin change.

C’est une évidence. On va vers un football féminin qui s’écrit et se joue comme celui des hommes. Empêcher l’adversaire de marquer en priorité, attendre les moments de récupération de l’équipe adverse, pour ensuite essayer de marquer sur des moments forts, souvent dues à la fatigue de l’adversaire plutôt que de vouloir créer immédiatement, ses moments forts.

C’est ce qu’avait initié Philippe Bergerôo pour l’équipe de France et j’avais écrit qu’à mon sens c’était trop tôt et que les joueuses françaises n’avaient pas la capacité de s’imposer plus que cela face à leurs adversaires sur des attaques placées, leurs qualités étant le mouvement vers l’avant.

Je le pense, sauf que j’avais oublié que le football féminin est fait aussi d’erreurs. Et dans ce cadre là, toute équipe peut en profiter pour gagner la rencontre. Il en suffit d’une.

C’est pourquoi si la France va avoir du mal à enchanter comme elle a enchanté dans le passé ; elle pourra pour autant gagner des titres en profitant d’une erreur de l’adversaire et – cerise sur le gâteau – d’une qualité qui bouscule plus d’une défense : le pied d’Amel Majri et la tête de Wendie Renard sur un coup franc aux quarante mètres.

Les USA avec et la tête d’Abby Wambach n’était pas si loin de cette formule gagnante.

Cependant, la ligne de la défaite est, pour autant, présente et il se peut que la France se situe dans l’avenir, avec des résultats en dents de scie, entre la 5è et 10è place mondiale. Il suffit d’un manque d’efficacité.

C’est le point qui manque pour être, avec ce type de jeu, première mondiale.

William Commegrain lesfeminines.fr

L’Angleterre pourrait surprendre.

L’Allemagne rencontre l’Angleterre. Si la victoire est anglaise alors l’esprit british va être à son sommet ! Imaginez .. Médaille de bronze au mondial 2015. Pas de présence aux Jeux Olympiques 2016 pour retrait britannique, donc pas de contre-performance. Victoire face aux Etats-Unis pour la deuxième journée. Qualification en quart de finale de la Women’s Champions League avec Manchester City et peut-être demi-finale. Si elle gagne face à l’Allemagne, alors elle serait candidate annoncée pour l’Euro 2017.

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