« TUTTI VA BENE ! ». Dans un match où l’esprit de famille était présent avec une tribune présidentielle « bien préparée et ordonnée » qui confirmait le mariage entre le Paris FC et Juvisy, remplie dans sa quasi-totalité pour un mercredi après-midi par tous ceux qui font ou ont fait le football féminin et où le Président Jean-Michel Aulas semblait accompagner le Président Pierre Ferracci (PFC) ; on est sorti avec une victoire lyonnaise qui donne les « fameux trois points » qui sont l’essentiel en football quand pour le club de Juvisy qui avait le risque d’un score lourd, il pouvait voir se terminer la rencontre par un (0-1). Le plus petit score de ces dernières années face à l’Olympique Lyonnais ? J’étais repris par Ines Jaurena, « l’an dernier nous avons fait le même résultat. »

La jeune milieu de terrain, revenue depuis plusieurs années de ses deux années universitaires américaines, porte maintenant les couleurs de Juvisy depuis quatre saisons : « c’est certainement la meilleure équipe que j’ai joué mais pour autant, elle ne doit pas nous faire peur ».  Théa Greboval exprimait le même sentiment, résumant ainsi leurs opinions. « De toute manière, il fallait les jouer ».

Elles trouvaient toutes deux le match de mercredi plus abouti, même si elles reconnaissaient « qu’elles avaient eu du mal à sortir la balle proprement et donc à se créer des occasions. » En effet, la différence sur le plan des occasions est énorme entre les deux équipes. Gérard Prêcheur précisait : « On a eu 70% de possession de balles. »

Juvisy a donné son maximum.

« ce n’est plus l’Olympique Lyonnais, c’est la sélection du Monde, tellement cette équipe est prodigieuse ». Le compliment venait d’Emmanuel Beauchet, le coach de Juvisy rappelant que Lyon disposait de championnes du Monde, des championnes Olympiques, et que des internationales A dans leur pays, sans oublier Alex Morgan, malade et la canadienne Buchanan (hématome).

La question qui s’était posée au coach essonnien, était de plusieurs ordres :

  • (1) répondre à l’enchainement des matches « Il y a un calendrier où on n’est pas forcément programmé pour jouer tous les trois jours lorsque l’on est semi-amateur. Aller à Saint-Étienne, se lever à 6h du matin, et jouer à 14h30, ce n’est pas forcément évident. Jouer l’Olympique Lyonnais un mercredi non plus. J’ai des filles qui sont étudiantes, d’autres qui travaillent. Elles prennent un jour de congé, et le lundi, elles vont au boulot ou en cours. Il faut gérer tout ça, bien récupérer pour être le plus performant possible. »
  • (2) gérer le problème défensif « Ce que l’on souhaitait aujourd’hui (ndlr : mercredi), c’était de revoir les choses en terme d’animation défensive » où Juvisy avait pris cinq buts au match aller sans oublier d’être « fier d’avoir marqué deux buts à l’Olympique Lyonnais, ce qui n’arrive pas souvent » et qui s’est avéré d’ailleurs le problème de l’Olympique Lyonnais sur ce match aller.
  • (3) gérer les blessures « Sandrine (Dusang) qui était bien hier (ndlr : mardi), a ressenti un douleur. On a dû s’adapter, trouver une solution en charnière centrale et gérer le souci d’Estelle Cascarino comme le besoin de faire souffler Julie Soyer pour faire face à l’Olympique Lyonnais, rappelant la jeunesse des ses joueuses : « Clara Matéo, Théa Greboval ; Kadidiatou Diani et Aissatou Tounkara dans une moindre mesure ».

6ème de la D1F, il faisait avec ce qu’il avait et le coach essonnien voyait concrètement poindre les résultats de son travail, dans un environnement concurrentiel pas simple « Au delà du score, je suis fier des efforts qu’on a fait ensemble. Je pense qu’on a fait de belles choses, même si on aurait pu mieux faire au niveau du jeu. » Rappelant que ses joueuses étaient, pour certaines, en apprentissage.

Lyon ne commence à faire un bon match que lorsqu’il n’encaisse aucun but.

De son côté, Gérard Prêcheur était dans l’analyse de la rencontre de Dimanche dernier, et confirmait qu’il « avait trouvé ce match bien meilleur dans des conditions de pratiques inacceptables, avec un terrain digne d’un match de district ». Ils se rejoignaient avec Griedge Mbock qui, soumise à la question, donnait la priorité « à un match sans but encaissé », plutôt qu’à une victoire avec 5 buts marqués, mais deux buts encaissés.

Le coach lyonnais confirmait et souriait aux éclats quand on lui rappelait que, sans le but de Camille Abily, la partie se serait terminée sur un score vierge. N’était-ce pas un objectif de travail pour tenir les échéances nombreuses à venir, face à des équipes qui risquaient de fermer le jeu comme Juvisy pour cette rencontre ? La réponse fusait : « nous nous entraînons tous les jours dans les trois configurations : bloc haut, bloc médian et bloc bas. »

A l’écriture, il est vrai que la réaction de l’Olympique Lyonnais face à un changement de bloc est quasi-immédiate. Je revois, en fin de seconde mi-temps, pour ce qui a été quasiment la première sortie de Juvisy, on a vu une récupération haute de l’Olympique Lyonnais pour lancer immédiatement Ada Hegerberg dans la profondeur. Elle avait réussi une superbe balle piquée. Sur la transversale.

Après cette victoire sur Juvisy, Gérard Prêcheur convenait que les données de cette année 2017 n’étaient cependant pas les mêmes de celles de 2016 qui avaient généré le triplé (Coupe, championnat et Coupe d’Europe) avec « un Paris Saint Germain plus près » au moment de la reprise de la Coupe d’Europe et un adversaire en quart, le Vfl Wolfsburg, certainement une des équipes les plus fortes au monde bien supérieur à Prague de l’an dernier qui avait subi la loi lyonnaise.

Avec un effectif pléthorique, il précisait que « c’était pas si évident à gérer », notamment quand on peut voir sur la feuille de match des noms de qualité sur le banc mais qu’il préférait cette solution à « celle d’autres qui, se retournant sur le banc, ne pourrait voir que des jeunes U19, difficiles à mettre immédiatement dans le bain de la grande compétition ». 

Match après match, chacun son objectif

La Coupe de France pour Juvisy et postuler à la quatrième place.

Si Emmanuel Beauchet se concentrait pour le match de Coupe de France face à la Roche sur Yon (descendue de D1F l’an dernier) avec pour objectif un bon parcours dans cette compétition, souhaitant de la récupération et d’avoir à l’esprit, le bon résultat de Montpellier (0-0) « On aurait pu gagner le match, on a été bien sur le plan physique. On a leur posé problème. Cela a fait du bien au groupe, à chaque fille, sur le plan moral, sur le plan de la confiance. » espérant ensuite que « j’espère que l’on va gagner à partir de maintenant, que l’on va être performant en gagnant des matchs et en faisant un parcours en Coupe de France. Cela passe dès dimanche par une victoire à la Roche » axant sur « la force mentale de son groupe » dans la difficulté pour aller vers cette quatrième place « qui est un objectif que l’on doit réussir » pour Ines Jaurena quand ;

Les trois titres pour l’Olympique Lyonnais

Pour l’Olympique Lyonnais, il s’agit d’avoir un oeil sur Guingamp en Coupe de France (qui vient de faire match nul face au FC Metz), et surtout de bien préparer « Montpellier qui risque de donner le vainqueur du championnat » pour, quand « les filles seront en sélection visionner cinq, six matches de Wolfsburg et trouver quelque chose qui va surprendre le coach adverse » , car pour Gérard Prêcheur, « l’avenir et sa pensée sont là, totalement là », même si son avenir professionnel peut s’ouvrir ailleurs : « dans un projet qui soit entre le management et l’opérationnel, pourquoi pas ? »

Il est difficile de savoir le niveau de Juvisy dans cette D1F. L’erreur serait de raisonner sur les causes car ce sont des arguments qui expliquent alors qu’on cherche l’effet. C’est à dire le classement.

Ce qui est inquiétant au regard de la quatrième place aujourd’hui ou Demain, c’est la difficulté de Juvisy à se créer des occasions et à amener le jeu aux trente mètres lyonnais. Ce n’est pas bon signe même en sachant que le terrain était trop gras pour des courses de vitesse et surtout, qu’il y  avait l’Olympique Lyonnais.

Ce qui est positif, c’est l’abnégation et le partage collectif des efforts comme des responsabilités dans le jeu, en sachant qu’en face, c’était l’Olympique Lyonnais et son attaque. Contre Montpellier, contre l’OL, sur ces trois matches, que j’ai vu. L’esprit de corps de cette équipe n’a pas défailli. On appelle cela de l’abnégation.

En fait, à quel niveau se situe la quatrième place française. Que demande-t-elle pour l’obtenir ? Ce qui set certain, c’est qu’aujourd’hui, elle est ouverte à plus d’équipes (Guingamp, l’Olympique de Marseille, Saint-Etienne)

Enfin, au regard de l’intérêt du football féminin. Les matches, à ce niveau de classement, vont-ils intéresser plus de monde ? C’est une question qui doit être posée. Elle conditionne les décisions futures des dirigeants et ce que sera Juvisy à moyen terme car l’ascenseur différentiel a de fortes chances de continuer à monter.

William Commegrain lesfeminines.fr

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