La Réunion, c’est le continent africain !

En allant à la Réunion pour réaliser son match amical face à l’Afrique du Sud, on pourrait dire que l’équipe de France de football féminin va se déplacer pour la première fois en Afrique, puisque l’Ile Intense et son célèbre Piton de la Fournaise se trouve à quelques encablures de Madagascar, soit 700 kms.

Pourtant, les françaises vont jouer en Europe !

En effet, du fait de l’appartenance de la Réunion aux Départements d’Outre-Mer, c’est donc en France et en Europe que le match se réalisera !

A la lecture de cette situation, il m’a semblé qu’il fallait mettre en valeur un constat très surprenant : trop peu d’équipes nationales féminines vont jouer en Afrique alors que, dans ce continent, se trouve tant de jeunes filles aux capacités athlétiques incroyables avec une véritable volonté à chercher des voies d’expression comme de compétitions.

La France n’a joué que trois équipes africaines dans son Histoire et aucune en Afrique

Ce qui permet d’ailleurs de relever que la France n’est jamais allée jouer de toute son histoire dans un quelconque pays africain et les quelques matches réalisés face à une équipe africaine se sont faits soit en Bretagne (Cesson-Sévigné), face à l’Algérie en 1998 avec une victoire sur le score de 14-0 (Diacre x3, Roujas x3, Lagrevol x4, Pichon, Herbert, Woock, Lattaf) soit lors d’évènements à l’étranger.

Ainsi en 2009 et le Tournoi de Chypre avec une rencontre face à l’Afrique du Sud qui s’est soldée par une victoire sur le score de 3-2 (l’équipe de France a mené 3-0 sur des buts de LeSommer, Necib et Petit pour se faire remonter ensuite) puis en Allemagne, lors de la Coupe du Monde 2011, en prenant le meilleur sur le Nigéria sur le score de (0-1, Delie).

Le détail est précis. Et ce qui est vrai pour les Bleues l’est tout autant pour les autres équipes européennes ; et il faut remercier Olivier Echouafni et les décideurs de cette rencontre d’avoir fait prendre l’avion aux Bleues, pour une première : direction plein Sud et un temps à 30° d’ailleurs.

Le football africain n’est pas assez visité

Si on comprend les raisons pour lesquelles les équipes africaines féminines ne se sont pas déplacées en France (coût et budget féminin exprimé au plus court) ; on perçoit moins les raisons qui font que les équipes européennes rencontrent rarement les équipes africaines sur leur continent, exception faite lors de compétitions internationales.

C’est dommage quand on connaît la qualité des joueuses africaines telles qu’exprimées en 2014 au Canada en Coupe du Monde des U20 (finaliste de la compétition face à l’Allemagne) comme dans les deux dernières compétitions internationales avec le Nigéria, le Cameroun et la Côte d’Ivoire en Coupe du Monde 2015 et l’Afrique du Sud aux JO de Rio 2016.

Désirée Oparanozie, nigérienne, qui évolue sous les couleurs de Guingamp en est un exemple frappant (9 matches, 5 buts).

Une obligation UEFA ?

Il serait louable et équitable que l’UEFA impose aux équipes nationales européennes qui ont des moyens financiers pour se déplacer d’avoir à réaliser, en Afrique, au moins deux matches avec une sélection africaine dans les quatre ans qui précède une compétition, et de définir cette clause comme une condition de validité pour l’inscription à une compétition internationale qu’elle organise.

Cela ferait, avec 16 équipes comme pour l’Euro à venir en 2017, trente deux matches à jouer sur le continent africain quand aujourd’hui, il n’y en a aucun. De quoi donner du spectacle et des envies à un public qui n’a pas spécialement d’autres sports à pratiquer : tout étant déjà prêt avec le football masculin.

Faut-il rappeler que la dernière finale de la CAF à Yaoundé (Cameroun) s’est jouée devant plus de 45.000 personnes et a vu la victoire du Nigéria (0-1) sur le Cameroun sur un but de Désirée Oparanozie (83′).

A court et moyen terme, on verrait alors des talents africains surgir.

Ce serait une très bonne obligation qui lutterait contre la discrimination, là de moyens.

William Commegrain lesfeminines.fr

(source fff.fr)