L’Aventure incroyable de l’équipe de France !

In-croyable ! C’est à dire pas croyable de voir que l’équipe de France U20 va jouer une finale mondiale en ayant laissé à la maison deux joueuses essentielles de son groupe : Marie-Antoinette Katoto et Perle Morroni. Il fallait voir le pas lourd de Marie-Antoinette sortir de la résidence de Clairefontaine, un sac tellement plein qu’il semblait avoir été préparé pour tenir jusqu’au 3 décembre.

Sandrine Roux qui discutait avec Aline Riena, commentatrice de ce Mondial sur Eurosport qui préparait son travail et ex-internationale de football féminin, me disait : « c’est un coup dur pour nous ! ». Consciente devant cette réalité. Gilles Eyquem l’évaluait en répondant à mes questions. Pensant aussi au groupe qu’il avait. Pensant d’abord au groupe qu’il avait. Il utilisait un mot, le mot « Aventure ».

Ne pas rater les rendez-vous. 

Impossible d’écrire sans en parler. A l’heure où l’équipe brésilienne de Chapecoense est décimée en allant jouant une finale continentale de la Copa Sudamericana. Qu’est-ce qu’il y a de plus instable que la Vie et de plus fort que le moment que l’on vit ? Rien. On a tous une Histoire qui nous renvoie à l’impensable. Dans une vie, il y a des pages d’émotions, il y en a d’autres d’expériences. On peut écrire « RIP ». On peut aussi ne pas avoir peur de partager une expérience.

Quand j’étais gamin, j’habitais à l’étranger. Mes parents devaient partir pour le week-end afin d’aller à l’autre bout du pays. Je suis sorti rapidement de la maison, en courant pour aller à l’école ce vendredi. Ma mère m’a dit, sur le perron : « tu ne nous embrasses pas ? ». J’ai crié pour lui dire, le pied sur la portière de la voiture qui nous emmenait à 30 kms de chez nous, dans cette école. « On se revoit dimanche ! » Plein de joies.

La voiture est partie. J’arrivais à trouver une place dans cette voiture bondée entre ma jeune soeur et mon frère. Heureux.

Ils ne sont jamais revenus. Ils sont morts. Accident de voiture. Impensable et inattendu. Je pense à ces enfants qui attendront, sans revoir. Qui comprendront le sens de l’inattendu et de l’inacceptable. Il ne faut jamais rater les moments qui se présentent. Le moins possible. A l’idéal, peut-être jamais. J’ai une pensée pour ces mots ou ces maux. J’ai une pensée pour eux et leur famille. Ni plus, ni moins. Il faut rater le moins possible de rendez-vous avec soi et les autres. C’est mon RIP à moi. Une pensée pour les vivants.

L’équipe de France n’a raté aucun de ses rendez-vous dans ce mondial.

Hawa Cissoko. Meilleure joueuse du match. La France élimine le Japon au terme d'un combat physique incroyable et s'envole en finale du Mondial U20. Crédit FIFA. lesfeminines.fr

Hawa Cissoko. Meilleure joueuse du match. La France élimine le Japon au terme d’un combat physique incroyable et s’envole en finale du Mondial U20. Crédit FIFA. lesfeminines.fr

France contre les USA : la force française contre la force américaine. 

C’est une évidence. Le match face aux Etats-Unis, joué avec une telle envie et une telle fougue que les vingt deux actrices ont semblé être les meilleures ennemies du Monde, à se contester une suprématie qu’elles avaient en tête, des deux côtés. Rien, pourtant ne justifiait un tel investissement si ce n’est cette fougue que l’on a quand on a un peu moins de vingt ans.

Les filles en sont sorties avec un (0-0) d’anthologie qui enfin, donnait au football féminin, ses lettres de noblesse.

Un match où l’une des deux équipes aurait pu perdre, ou l’une des deux équipes aurait pu gagner. Et où les deux se sont battues pour ne pas tomber, sans réussir à faire tomber l’autre. Un superbe match de compétition.

France contre le Ghana : l’humilité frappe à la porte. 

Le Ghana a été juste extraordinaire. Quel sparring partner ! Imaginer ce qu’il leur a fallu comme forces pour surprendre la France au score (1-2) ? Elles qui ne connaissent les chaussures Nike ou Adidas, que lorsqu’elles portent le maillot national. Elles qui courent « pieds nus » pour toucher une balle qui souvent, n’est plus très ronde, dans des buts de quartiers qui n’ont de filets que le regard de celui qui est le capitaine de l’équipe : le propriétaire du ballon en cuir. Un jour l’un ou l’une ; un autre jour, un autre. Suivant qui est le propriétaire du ballon.

Le match s’est terminé sur une tête en Or de Clara Matéo, à la 95′. Quand tout est fini. Quand le banc adverse vocifère envers l’arbitre menant. Quand le rêve est devenu réalité. Il reste un instant et cet instant est la propriété de la France. Elle le prend. Egalise (2-2). C’est ce qui la qualifiera pour le second tour.

France contre la Nouvelle-Zélande : de deux buts, signé  » Championnes d’Europe ! »

Le troisième match sera celui de la confirmation. celui qui fera dire aux observateurs que la France est au niveau de la compétition qui se joue. L’adversaire est d’un niveau inférieur. Les « Bleuettes » assurent le match qu’il faut faire. Celui de la victoire. Un 2-0 qui aurait pu se transformer en 3-0.

La France signe, d’une fermeté de vainqueur, une victoire avec les mots « championne d’Europe ».

L’Allemagne sort KO d’une rencontre entre 20 ans !

France Allemagne : Qui c’est le plus fort ? C’est la France. 

L’Allemagne n’y croyait pas. Elle ne voulait pas l’entendre. La France qui signe : « Championne d’Europe ! ». Comment voulez-vous que l’Allemagne l’accepte quand l’équipe A de la Mannschaft a gagné huit titres européens dont six de suite, série en cours .. Comment voulez-vous l’accepter quand l’équipe Allemande des moins de 20 ans a été sacrée Championne du Monde U20 en 2014 au Canada ? Comment voulez-vous l’accepter quand l’équipe Allemande a terminé les jeux Olympiques de Rio 2016 sur la plus haute marche du podium avec l’Or Olympique.

Alors les jeunes françaises l’ont imposé. Sur un but venu d’ailleurs. Celui de Delphine Cascarino. Sur des arrêts de très grande classe de Mylène Chavas. Avec un état d’esprit impensable. Un Etat d’esprit à la japonaise. Être pour les unes. En équipe. Face à la tornade allemande.

France-Japon : Une demi-finale de fer et de guerrières ! 

Gallion de femmes-corsaires ! La France prend la mer en Océanie pour conquérir le titre mondial U20. Crédit lesfeminines.fr

Gallion de femmes-corsaires ! La France prend la mer en Océanie pour conquérir le titre mondial U20. Crédit lesfeminines.fr

A l’écriture, là sur le moment. Je les vois comme des corsaires. Des femmes corsaires à la Peter Pan. Sur un trois mâts. Fendant la Mer, partie au loin. Dans l’Océan Indien. Conquérir ensemble. Mylène Chavas à la vigie, prévoyant, regardant. Hawa Cissoko et Estelle Cascarino, passant de bâbord à tribord, épées en mains, à repousser les assauts des adversaires. Sakina Karchaoui sautant de la capitainerie pour foncer sur un débordement inattendu, jetant un regard sur Delphine Cascarino et Clara Matéo, au combat sur le bateau adverse.

Pour entendre, tout d’un coup, le cri d’une furie : « En avant ! Droit devant ! » C’est Marie Charlotte Lèger qui entre dans le tas suivie de Maëlle Garbino.

Marion Romanelli, sabre en mains, Tacle. Se relève. Tacle, Se relève. Une à une, en face recule. « Ca va ? » s’interpelle Grace Geroyo ? « Pas de souci » lui répond la montpelliéraine. Une dynamite cette fille ! A ces côtés on voit Juliane Gathrat qui ramasse son sabre tombé à terre, pour s’élancer du cordage et sauter à la rencontre des adversaires dans un combat qui ne laisse personne « seule ». Toutes prêtes, non pas à se sacrifier, mais prêtes au combat.

Et c’est Clérac, Couturier, Gauvin, Greboval, Mansuy, Fleury, Condom, Dhayer, Lebastard, Perrault qui suivent les deux Sandrine Roux et Ringer, quand l’équipe médicale, éberluée, n’a plus qu’une pensée : « A l’abordage ! »

Gilles Eyquem regarde. Ne comprend pas. Ne comprend plus : « Un combat de fou. Un match de fou. Un combat d’équipe. Un match d’équipe. La folie est là ! L’Alchimie existe. Le Graal est vérité. « L’esprit d’équipe et la gagne ».

Gilles Eyquem, Sandrine Roux et Sandrine Ringer. Les adjointes de Gilles Eyquem. Crédit Fifa. Lesfeminines.fr

Gilles Eyquem, Sandrine Roux et Sandrine Ringer. Les adjointes de Gilles Eyquem. Crédit Fifa. Lesfeminines.fr

Un combat physique incroyable

J’ai vu des images. Revu le match. Ce match a été un match physique incroyable. Quel sentiment doit-on avoir quand, on n’en peut plus. On ne sait même plus pourquoi on court ? Sauf qu’on coure. La tête n’est plus là. On avance, porté par l’habitude. La même course des fins d’entraînements d’avant-saison. Ces moments où on sait ce qu’exploser veut dire.

Les françaises n’en peuvent plus. C’est flagrant. Les japonaises sont aussi dans le rouge. Chacune des vingt-deux actrices le sait. Les bancs aussi. On voit des cris. Dans la surface, les tacles se font au caractère, au tempérament. Il reste une minute. Trente secondes. Quinze secondes. Une française est allongée dans la surface. Le dernier tacle.

Qu’elle siffle ! Tout le monde attend les trois coups de sifflet. Les mains tendues, réunies vers l’extérieur. Un geste « religieux ». Un geste de délivrance. Le geste de la vérité. Elle le fait.

Le banc français court pour fêter cette superbe victoire face au Japon. Crédit FIFA. lesfeminines.fr

Le banc français court pour fêter cette superbe victoire face au Japon. Crédit FIFA. lesfeminines.fr

Alors, tout est vrai.

Le banc court. Il court de bonheur. De toucher cette vérité. D’y être. D’en être. Les françaises sont en finale ! Peut-être en France, des gens pleurent.

Jamais, ces filles n’auront manqué leur rendez-vous avec leur Histoire.

Comme sur un trois mâts de Corsaires, ensemble, les « Bleuettes » ont pris la mer. Comme des Grandes.

Pour revenir vainqueur au port.

Ce sera, pour Elles, un souvenir inoubliable.

William Commegrain lesfeminines.fr

La joie française ! La joie de ses 20 ans. Un souvenir inoubliable. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

La joie française ! La joie de ses 20 ans. Un souvenir inoubliable. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr