Nous sommes à Paris et l’équipe des Roses d’Aciers part pour les Jeux Olympique de Rio après avoir affronté la France (0-3) et le Canada (0-1) à Charlety.

Les associations parisiennes de Chine sont présentes à Charlety, au pied du 13è arrondissement, siège du quartier chinois et animent le match en criant à chaque touche de balle des Roses d’Aciers qui doivent affronter la 3è équipe mondiale, après un stage d’une durée proche de deux mois, pour partie en Alsace.

Elles sont parties loin de leur pays. Sélectionnées parmi un nombre incroyable de joueuses, elles ont l’immense honneur de représenter leur pays. « Immense honneur », qualificatif véridique pour une chinoise alors qu’il nous semble excessif à nos yeux d’occidentaux, nous qui sommes si souvent un pays à nous tout seul ! Si fière de représenter leur pays et ses traditions qu’elles se tourneront pour être face à leur drapeau que Charlety aura fait flotter loin de la tribune présidentielle, quand bien même, elles se trouveront de dos au public.

Je me souviens, les voir se consultant d’un regard, pour telles des militaires, faire un demi-tour du coeur et écouter l’hymne face au drapeau. Et pas ailleurs.

Présentation de la Chine. face au drapeau posé par erreur en face de la tribune des spectateurs. Charlety. Match international Chine 12è Fifa-Canada 10è Fifa (0-1). Crédit William Commegrain lesfeminines.fr

Présentation de la Chine. face au drapeau posé par erreur en face de la tribune des spectateurs. Charlety. Match international Chine 12è Fifa-Canada 10è Fifa (0-1). Photo de William Commegrain lesfeminines.fr

Paris qui en ce jour du 14 Juillet va pleurer ses morts niçois. Le soir.

Quelques jours plus tard, une joueuse inconnue pour nous, Ren Guixin, si connue dans ce groupe, est en larmes.

Une blessure musculaire lui fait quitter le groupe. Ce sera la chance de Li Ying qui remplacera l’infortunée capitaine de Changchun. Une joueuse clé de la sélection de Bruno Bini.

Paris, ville romantique pour le Monde entier regarde cette jeune fille, partir en larmes, au pied de l’hôtel qui les reçoit, après le match contre la France. Bruno Bini dira : « nous partons pour Rio. Elle rentre en Chine. » Terrible après avoir autant investi.

Ren Guixin, capitaine de son club. Sélectionnée pour les JO et qui voit partir l'avion pour Rio sans Elle. Crédit China Women's Team. Lesfeminines.fr

Ren Guixin, capitaine de son club. Sélectionnée pour les JO et qui voit partir l’avion pour Rio sans Elle. Crédit China Women’s Team. Lesfeminines.fr

Puis le temps passe. Il passe toujours le temps. Il propose autre chose, mais ne revient jamais en arrière. C’est ainsi. Souvent, cela peut être cruel.

Alors quand elle est reprise par Bruno Bini, la jeune fille cherche les compétitions que le calendrier lui donnera ? Elles ne sont pas si nombreuses. Peut-être la Coupe d’Asie des Nations en 2018. Puis la Coupe du Monde en 2019. Tout cela est loin lorsqu’on regarde cela du bout de l’année 2016.

Il reste les tournois. Notamment celui de Yongchuan 2016. Pour sa sixième édition.

La Chine est la meilleure des nations participantes. 13ème. Il s’agit pour elle de respecter ce classement et donc de s’imposer sur les invités islandaises 16è, et danoises 20é. Sans compter l’Ouzbékistan placé à la 45è place.

La finale, jouée aujourd’hui Lundi, opposa le Danemark qui avait pris le meilleur sur l’Ouzbékistan (2-1) et l’Islande (1-0) ; à la Chine, ayant concédé elle, le nul face à l’Islande (2-2) et pris le meilleur face à l’Ouzbékistan (4-1).

La Chine l’a emporté (1-0) sur un superbe tir de la revenante Ren Guixin, dès le retour des vestiaires. A la 46′. L’idéal pour avoir les meilleures émotions quand on marque. « Le sentiment d’avoir été remontée à bloc » et d’être réellement plus fort.

Un tir qui va se ficher sous la barre pour le gain du Tournoi.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là car elle aurait moins de parfum si, ne devait pas se rajouter, l’ironie de l’Histoire. Celle qui fait qu’on la retient car elle donne un autre message.

Bruno Bini  retrouve, pour la première fois, le Danemark de l’Euro 2013 !

Le Danemark est l’équipe qui a éliminée la France à l’Euro 2013, (1-1) aux tirs au but. Dans un moment chargé sur le plan émotionnel pour le sélectionneur des Bleues de l’époque (décès familial) et qui venait de créer pendant deux années, une dynamique médiatique inexistante auparavant, avec deux places de quatrième au mondial 2011 et aux JO 2012.

Pourtant, il avait été démis de ses fonctions. Une forme de déchirure pour lui. Il ne s’en cache pas de le dire.

Depuis, Bruno Bini n’avait plus rencontré l’équipe du Nord de l’Europe. Je ne sais pas si les joueuses de la Chine le savait ? Mais ce match avait une signification particulière pour le français. Le Danemark. Pas facile de voir que bon nombre d’acteurs du football féminin existent maintenant grâce à la notoriété de cette période là, et que lui, s’en était trouvé exclu.

Laisser retourner sa joueuse en Chine a été un déchirement pour le français. En plus, après ses événements funestes du mois de Juillet. C’était une période chargée.

La voir revenir, et marquer ! Une résurrection. Contre le Danemark en plus ! Un sacré symbole.

C’est « Dodo » qui a mis en quelque sorte, le but vainqueur. Une revanche pour Elle. Une revanche pour Lui. Voyez comme elle courre vers lui ! Peut-être qu’elle savait ?! Sans rien dire.

Les Histoires sont faites pour être contées afin qu’elles puissent être racontées. Celle-ci en a un petit peu, de ce que font les Histoires Humaines.

Moi, j’ai remarqué un truc. Bruno, quand il vous envoie un mot. A la fin, c’est « Bises » et il met le drapeau chinois. Une autre vie, un nouveau regard.

Prochain tournoi, l’Algarve pour la Chine. 

William Commegrain lesfeminines.fr

L'équipe de Chine, vainqueur du Tournoi de Yongchuan. Credit. China. Lesfeminines.fr

L’équipe de Chine, vainqueur du Tournoi de Yongchuan. Credit. China. Lesfeminines.fr