Ce match amical joué devant un public que l’on attendait plus chaud nous a ramené aux lointaines oppositions de matches de championnat amateur où on attend jusqu’à la dernière minute l’exploit pour se dire que l’on a eu de bonnes raisons d’être là ; d’autant plus que sur le trottoir d’en face, à la même heure, Monaco passait un 6-2 d’anthologie à Montpellier en match avancé de la 10è journée de Ligue 1.

La France, engluée dans le pudding anglais !

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Une composition plutôt alléchante

Pourtant la composition française laissait présager des possibilités offensives qui font l’essentiel de l’attrait du football féminin. Claire Lavogez et Kadidiatou Diani, toutes deux aux alentours des vingt deux années, médaillées de bronze au Mondial U20 de 2014 avaient les qualités pour tenter de déborder une défense à trois anglaises qui, certes était vaillante, mais n’a jamais été mise à défaut dans les couloirs. Là, où elle est automatiquement absente avec trois défenseurs.

Les jeunes jouent comme des anciennes !

A croire que Kadidiatou Diani était devenue défenseuse à s’appliquer avec autant d’acharnement pour aller empêcher Stokes, excentrée, d’entrer dans les trentes mètres francais. A croire que Claire Lavogez avait reçu la consigne de ne rien tenter en percussion, à revenir toujours sur son pied droit pour centrer ou donner un ballon qu’elle aurait pu et dû rendre flamboyant (7′, 15′, 34′) ! Ou alors ? Et c’est plus grave pour des jeunes joueuses, les deux françaises sont tellement dans la crainte de perdre potentiellement une place qu’elles ne jouent que pour avoir toutes les sécurités. Un jeu bien trop bourgeois pour l’esprit français qui se doit de prendre des risques, notamment offensifs.

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On a assisté tout au long de la rencontre a un jeu de contres entre les actions initiées par Gaetane Thiney, servant Eugénie Le Sommer seule en pointe qui n’avait d’autre solutions que de décaler sur Claire Lavogez (7′, 16′, 34′) dans un mouvement de « rugby » très classique mais qui éloignait les françaises du but, pour se trouver contrées et engluées dans une défense à trois, tenue par Potter, la capitaine Houghton et la heptathlonienne Lucy Bronze.

Le football féminin demande de la verticalité.

Le football féminin doit surprendre.

Lorsque la webtv Canal Supporters m’avait sollicité pour un talk show sur le football féminin avec Jessica Houara, alors au PSG ; j’avais émis l’idée que le football féminin demandait beaucoup de verticalité sinon, les filles -au plus haut niveau des équipes nationales- n’ayant pas de différences athlétiques importantes, elles annihilaient leurs actions réciproques. Jessica, joueuse professionnelle, avait eu raison de me contredire, désirant élever le niveau du football féminin, bien plus attractif à jouer s’il est maitrisé dans sa maturité. Mais je n’avais pas tort. Il est trop tôt pour pratiquer de la sorte, tant au niveau des joueuses que de l’attente du public qui vient au football féminin pour un spectacle offensif.

Là, la France, qui a essayé, nous a proposé un spectacle tactique sans avoir la capacité de l’emporter, avec trois tirs (22′ et 25′) dont un seul de cadré par Sandie Toletti (73′), entrée en cours de jeu (69′).

Une défense anglaise qui absorbe sans déborder

La défense anglaise a joué comme elle a joué au Mondial 2015. Défendant en acceptant de défendre, pour le plaisir de défendre puis en essayant de placer des contres, animés par Carney pour Daly, seule en pointe. Et si la balle avait le bonheur de rester dans le camp français, alors c’était une volée de moineaux qui s’abattait dans le camp français, pour empêcher une relance qu’elles n’arrivaient que très partiellement à faire.

Lucy Bronze, joueuse du match pour l'angleterre face à Eugénie Le Sommer. Crédit fff. lesfeminines.fr

Lucy Bronze, joueuse du match pour l’angleterre face à Eugénie Le Sommer. Crédit fff. lesfeminines.fr

La première mi-temps s’était achevée sur ce constat, d’un plat bien préparé mais sans goût ni saveur et la seconde mi-temps n’a pas donné plus de parfums à la cuisine anglaise, décidément trop anglaise à notre goût.

Les points positifs pourtant peuvent être nombreux avec des joueuses qui ont joué leur jeu mais rien n a été au niveau d une rencontre entre le 5e fifa et le 3ème. Seul point à noter concerne le première sélection pour Delphine Cascarino et l’apport de Sandie Toletti sur le plan offensif.

Une fin de match qui aurait pu se retourner contre nous. 

 L’Angleterre a été dangereuse en toute fin de match. C’est dans les toutes dernières minutes de la partie que l’on a vu Wendie Renard s’imposer sur deux tacles glissées du côté droit de l’attaque anglaise et avoir la mauvaise surprise de voir la jeune Duggan, à qui on semble avoir reproché un contrôle du bras, assurer un tir qui finira au fond des filets français (92′).

« Brian is in the kitchen ». Et bien qu’il y reste !

Autant terminer sur une note d’humour et conclure que les anglais sont plein de paradoxes.

Un football masculin qui soulève les coeurs des « footeux » du monde entier et un football féminin qui ne donne aucune envie de reprendre « du pudding anglais ».

Quant à la France, elle se trouve au carrefour de plusieurs interrogations. Celle positive : l’adversaire a contraint à ce jeu sans actions. L’autre négative : et si nous avions mangé notre pain blanc avec des plats relevés à toutes les sauces pendant les périodes précédentes ?

Je ne sais pas si l’interrogation est prématurée mais je sais qu’elle a des raisons de se poser ? Même si la dernière rencontre avait délivré le même contenu face aux anglaises (tournoi Shebelieve mars 2016 0-0)

Les équipes nationales sont bien plus relevées que les clubs – ce que nous savions déjà – et les niveaux athlétiques semblent avoir nivelé beaucoup de nos anciennes différences.

Est-ce qu’il a manqué ce soir : d’initiatives offensives, de vitesse et de capacités individuelles à faire une différence pour créer la déstabilisation qui doivent mettre à mal une défense bien organisée ; ou alors, le jeu féminin va-t-il tendre vers un jeu qui pariera sur la durée, à l’image de la Suède à qui cela a très bien réussi en 2016 (qualification aux JO et médaille d’argent) ?

A voir, en espérant quand même que le plat soit plus épicé face à l’Espagne, au MMArena, le 26 Novembre 2016 sur C8.

William Commegrain lesfeminines.fr

Fiche technique footofeminin.fr Match de préparation à l’Euro 2017
Vendredi 21 octobre 2016 – 20h00 locales (21h00 françaises)
ANGLETERRE – FRANCE : 0-0
Doncaster (Deepmoat Stadium)
Temps frais et dégagé (5°C) – Terrain en bon état
Spectateurs : 7 898
Arbitres : Graziella Pirriatore (Italie) assistée de Veronica Vettorel (Italie) et Cinzia Carovigno (Italie). 4e arbitre : Helen Byrne (Angleterre)
Avertissements : Carney 83′ pour l’Angleterre ; Bussaglia 5′, Lavogez 14′ pour la France

Angleterre : 1-Karen Bardsley ; 2-Lucy Bronze, 5-Stephanie Houghton (cap.), 6-Josanne Potter ; 11-Gemma Davison (12-Alex Scott 71′), 8-Jordan Nobbs, 7-Jill Scott, 4-Jade Moore, 3-Demi Stokes ; 10-Karen Carney (22-Toni Duggan 88′) ; 9-Rachel Daly (20-Nikita Parris 58′). Entr.: Mark Sampson
Non utilisées : 13-Siobhan Chamberlain, 14-Laura Bassett, 15-Casey Stoney, 17-Isobel Christiansen, 18-Fara Williams, 19-Millie Bright, 21-Mary Earps, 23-Danielle Carter
France : 16-Sarah Bouhaddi ; 8-Jessica Houara d’Hommeaux, 4-Laura Georges, 3-Wendie Renard (cap.), 22-Amel Majri ; 13-Kadidiatou Diani (6-Delphine Cascarino 80′), 15-Elise Bussaglia (7-Sandie Toletti 69′), 23-Kheira Hamraoui, 11-Claire Lavogez (12-Clarisse Le Bihan 72′) ; 9-Eugénie Le Sommer (18-Camille Catala 90′), 17-Gaëtane Thiney. Entr.: Olivier Echouafni
Non utilisées : 1-Laëtitia Philippe, 2-Eve Périsset, 5-Aïssatou Tounkara, 14-Sakina Karchaoui, 19-Laura Agard, 20-Anaig Butel, 21-Méline Gérard