Wendie Renard, la capitaine française doit être bien interpellée par l’aventure à Rio. Investie, elle doit certainement chercher les raisons de l’élimination en quart quand tous les adversaires reconnaissent des qualités incroyables aux Bleues. Incroyable d’ailleurs ce que je viens de lire ! Comme usuel, visiblement, il faudrait tout changer et remettre en question.  D’ailleurs bien écrit. A croire qu’il faut changer toute l’équipe pour, comme un coup de baguette magique, gagner et obtenir le titre de Championne du Monde de 2019. « Crac, boum, Hue » !

Les adversaires le disent. les françaises sont parmi les meilleures du monde. Ce n’est pas rien comme réalité et argument. D’autant plus qu’il est dit sans aucune volonté de flatter ou de complimenter. Une réalité.

Pour ma part, je suis convaincu et personne ne veut me suivre sur ce chemin, que la médiatisation du football féminin est excessive. Trompeuse. Prématurée et que d’autres sports collectifs féminins ont bien plus de droit à en bénéficier (Hand, Volley, Basket). L’échange « de bonnes pratiques » me semble avoir été bien trop unilatéral.

Saisissez « france féminine » sur google et vous ne verrez que des images de l’équipe de France féminine de football. Rajoutez Rio, et vous commencerez à avoir d’autres propositions. Ne parlons même pas de la TV à comparer les matches diffusés.

Je maintiens que l’environnement est un détail fondamental dans la performance de très haut niveau. Et là, le miroir a été très déformant. D’ailleurs, promenez-vous sur l’internet des quatre demi-finalistes. Vous trouverez très peu de contenus. Juste de l’information institutionnelle.

Bien entendu, on nous a donné la Coupe du Monde 2019 pour que l’on devienne, avec certitude, championne du Monde ?!! A mon sens, d’abord pour accueillir le monde. Cette Coupe du Monde 2019, elle a déjà tué du monde. Elle va en tuer plus d’un ou d’une.

La sélection nationale est le fruit du quotidien que l’on trouve dans les clubs.

Cela parait évident. Lorsqu’un sélectionneur sélectionne des joueuses, il ne va pas les rendre 50% plus performantes le temps des stages qu’il a sous sa charge. Souvent d’une durée limitée, entre 8-10 jours selon les cas. Un peu plus dans les préparations pour les compétitions importantes. Là, en l’occurence, les Jeux Olympiques (1 petit mois).

Les joueuses viennent avec « leur background » qu’elles ont travaillées en club. Elles existent bien en dehors de la sélection nationale.

Philippe Bergerôo a pris les meilleures françaises, les plus expérimentées sauf Gaetane Thiney. 

Son choix contestable est néanmoins réfléchi. Il s’est basé sur l’ossature de l’Olympique Lyonnais (11 joueuses sur 18 si on ne tient pas compte des nouvelles signatures), championnes d’Europe 2016 en titre, Championnes de France et Coupes de France. Derrière, il a sélectionné les joueuses du PSG (Hamraoui, Houara, Delannoy, Delie) vice-championnes d’Europe en 2015. Ne sont venues en complément, sur blessure des titulaires, que Sakina Karchaoui (Montpellier) dans les 18. Et il choisi de consacrer Kadidiatou Diani (Juvisy) et de n’avoir qu’une seule joueuse évoluant à l’étranger, Elise Bussaglia (ex-lyonnaise, Wolfsburg), finaliste 2013 et 2016 de la Ligue des Champions.

A part Gaetane Thiney, quelle autre joueuse aurait pu amener des garanties de succès au niveau où s’est joué le quart de finale ? Philippe Bergerôo a fait des choix qui étaient bien au niveau d’une finale Olympique. Le contenu du jeu tout autant pendant ces JO. Quelles autres joueuses mettre ?

Après le sélectionneur aurait pu prendre plus de risques dans la sélection, mais sans garantie théorique de réussite (Léger, le Bihan, Toletti, Butel, Bilbault). Hors, l’équipe de France demandait à avoir des garanties. C’est ce qu’a demandé tout l’environnement. 2019. Et si vous ne l’écoutez pas. Il faut disparaître.

Marie-Charlotte Léger (6 sélections), que j’ai mis en valeur très rapidement, dès l’équipe de France des U19, aurait-elle pu tenir face à l’armada défensive canadienne, après avoir réalisé trois matches, ou plutôt deux en phases de groupe ? Les joueuses n’arrivant pas à faire quatre matches de suite en maintenant un certain niveau de performances.

Il faut accepter ce constat : « On n’a pas le niveau d’un titre ». 

C’est évident et il faut l’accepter et travailler pour l’avoir. On n’est pas au niveau pour avoir le titre d’une grande compétition. On joue bien en phase de groupes. On joue bien en phase d’élimination directe mais on est accroché sur des détails.

France-Danemark, 1/4 à l’Euro 2013 (1-1, 5 tab à 4). Allemagne-France, 1/4 au Mondial 2015 (1-1, 5 tab à 4). Canada-France (1-0) aux JO 2016.

La France domine mais n’impose pas son statut de leadeur en compétition face aux meilleures mondiaux. Les adversaires sont très motivées à défendre face à la France qui n’a pas les joueuses pour s’imposer devant, dans cet environnement (Le Sommer, Délie, Diani). Gaetane Thiney a manqué dans ce dispositif.

Défendre et attaquer. Attaquer et défendre. La France ne sait pas attaquer et défendre au même niveau sur 90′. A un moment, la faiblesse arrive et au très haut niveau, les attaquantes adverses ont les moyens de le voir et de gagner ce challenge.

Si la France sait gagner des matches, il reste qu’elle n’arrive pas à faire de performances (tournoi ShebelievesCup pour exemple).

Les adversaires se donnent à fond face à la France.

Lorsque la France arrive deux fois en 1/2 finale, Mondial 2011 et JO de Londres 2012. C’est à la surprise de tout le monde. Elles ont la force de l’inattendue.

Mais maintenant quelles sont les meilleures au Monde (dixit les américaines qui les mettent au même niveau). Elles sont attendues et elles sont prises au piège du détail qui tue.

La défense adverse se met à mal pour empêcher le but. L’attaque se concentre au maximum pour utiliser la moindre opportunité. Et les féminines faisant toujours des fautes sur la durée d’une rencontre, cela crée la différence pour être éliminée.

Actuellement, on se trouve sur des limites qu’elles n’arrivent pas à franchir car les adversaires mettent la barre haute.

Philippe Bergerôo, comme un nouveau sélectionneur, devra travailler ce point. 

Philippe Bergerôo est sous contrat jusqu’en 2017. Si j’ai critiqué son choix de ne pas sélectionner Gaetane Thiney, je ne le remets pas spécialement en cause sur ses décisions. Qu’il communique ou pas, c’est sa formule et les joueuses ont eu 54 matches pour s’en imprégner et d’ailleurs en tirer des bénéfices mentaux en accrochant les USA plusieurs fois et en battant l’Allemagne, sans faire de contre-performances particulières.

Qu’il parle ou pas sur le banc. C’est affaire de personnalités.

Le coach, Bergerôo et un autre, devra donner la conviction que l’on peut être moyen en phase de groupes et devenir excellentes en phase d’élimination directe car le titre n’est pas un rêve mais une propriété que l’on possède logiquement. L’Olympique Lyonnais ne rêve d’aucun titre. Elles ont juste la conviction que le titre leur appartient. Elles n’acceptent donc pas, naturellement et avec leurs forces, qu’une autre équipe leur prenne.

C’est un sentiment profond que possède toute l’équipe, le club, le staff. Elles ne travaillent pas pour l’acquérir avec l’émotion qui va avec. Elles travaillent pour que personne ne leur prenne. Voyez comme l’Olympique Lyonnais ne commet quasiment jamais de fautes. Donc elles éliminent leurs faiblesses. Cherchez une faute de l’Ol, c’est comme trouver « une aiguille dans une botte de foin ».

Les joueuses françaises ont des limites.

Bien entendu, le but du Canada est fait de deux faiblesses latérales. Les joueuses concernées n’ont-elles plus le niveau demandé par la haute compétition ? L’équipe alignée avec le banc était la meilleure de France, sauf l’absence de Gaetane Thiney. Le seul doute, concerne Marie-Laure Delie qui n’est pas actuellement au niveau qu’elle avait auparavant mais qui a fait le travail demandé par le sélectionneur.

Pour autant, les joueuses françaises ont montré des limites mais les autres aussi. L’Allemagne, La Suède, n’ont pas fourni de beaux matches. Le Brésil et le Canada ont craqué en demi.

Après 2017, il va y avoir un trou d’air qu’il faudra accepter. 

L’équipe de France risque d’avoir un trou d’air, déjà énoncé et échangé avec d’autres coaches français, qu’il faudra accepter. Si vous retirez les joueuses trentenaires de l’OL et du PSG, il va falloir attendre pour trouver le niveau d’une médaille.

L’équipe de France devra travailler pour revenir dans le trio mondial en compétition. C’est peut être d’ailleurs sa meilleure chance à cette équipe de France. Se recréer une histoire en compétition.

D’autres l’ont fait. Canada. Angleterre. Seulement, attention, après 2017. Il n’y aura plus aucun match sanction. Que des matches amicaux et on le sait, les matches amicaux ne prédisent rien de la compétition.

Maintenant quels sont les facteurs responsables de cette situation depuis 2013 ? Il serait bien de les identifier pour éviter qu’ils ne refassent la même chose pour 2019.

Remarquez, si on suit le parcours des Hommes (Pardon d’écrire ce mot). La France devrait être championne d’Europe 2017 comme l’a été en 84 la génération 1982 après Séville. Et elles seront championnes du Monde plus tard. Leur parcours se ressemble un peu. « Championne du Monde des matches amicaux » diraient certains.

Dans la compétition, on n’a ni passé, ni futur. On fait avec l’instant. Au mieux et dans un sport collectif, le plus dur : ensemble face à d’autres, qui veulent la même chose.

Qui fera le plus ensemble gagnera. Qui fera le moins ensemble perdra.

Peut-être que les adversaires sont plus « au présent, dans l’instant » que ne l’est la France tout simplement.

Avec un passé et un futur trop prégnant quand elle s’exprime.

William Commegrain lesfeminines.fr

Sport collectif. Ensemble. Marta pleure son désespoir, de ne pas aller en finale. Pourtant, elle marque son pénalty. Wendie Renard repart sans rien pourtant elle s’est sentie propriétaire de ce titre olympique. L’Allemagne est qualifiée en finale grâce à Mélanie Behringer qui n’a raté aucun de ses pénalties. Farid Benstiti me le disait lors de son interview : « il faut être parfait, toutes, au même moment. Pendant la compétition. Très difficile. »