Les filles jouent au football. Maintenant, tout le monde le sait mais dans un championnat souvent prévu à l’avance, cela s’écrit de plus en plus. Pourtant, cette 21è journée, avant-dernière d’un championnat qui sonnera le clap de fin le 21 Mai, à la veille de la clôture du Festival de Cannes, a le goût de l’imprévu et de l’inattendu. Il demandera de la ténacité et de la force pour toutes celles qui ont un objectif à atteindre.

JUVISY-ESSONNE reçoit GUINGAMP

Guingamp, club qui se construit pour être le club breton du football féminin, risque de mettre un pied dans l’eau fraîche de la ligne de relégation si une défaite sanctionnait son déplaçement face à Juvisy … quand celles-ci ont besoin de prendre impérativement les quatre points dévolus à la victoire pour planter le piolet de la détermination, dans la face Nord de l’escalade de cette montagne qu’est le haut de la D1 féminine et se poser, comme candidat à la troisième place du championnat.

C’est un match avec deux intérêts opposés et si Guingamp accepterait le match nul qui la maintiendrait dans l’élite féminine, Juvisy a tout intérêt à gagner ce match pour se laisser l’espoir de vaincre le Paris Saint Germain à domicile le 21 mai, voire de faire un match nul, en pariant sur la défaite de Montpellier face à Lyon pour la dernière journée.

Le mot « Victoire(s) » est donc à écrire avec un (s) pour les juvisiennes. Gagner à Charlety après plusieurs années de résultats négatifs serait un magnifique résultat essonnien qui sonnerait le glas de la force parisienne 2016, sans lui retirer son billet européen (9 points séparent les deux équipes).

MONTPELLIER reçoit la VGA SAINT MAUR

De son côté, Montpellier, propriétaire de ce dossard de troisième (+1 point), ne verrait pas d’un bon oeil de le laisser aux juvisiennes quand elles ont eu si longtemps celui de second du championnat. Juste avant leur prochaine finale de Coupe de France face à l’Olympique Lyonnais le 15 Mai à Grenoble, au coeur des Alpes, cela leur ferait gravir cette montagne de l’impossible dans de mauvaises conditions alors que la Haute montagne ne se pratique que par beau temps. Il faudra qu’elles se méfient de la VGA Saint Maur, car même si les val de marnaise n’ont pour seule obstacle que le plus haut de la Tour Eiffel, on sait tous que les parisiens ne sont faits que de génération de provinciaux, avides de leurs origines, et tout aussi fort que ceux vivant au bord des montagnes comme de la mer. Elles savent grimper.

Voilà pour Montpellier deux montagnes à gravir. Celles de la victoire pour garder la troisième place, oubliée depuis quatre saisons, et celle de la finale de la Coupe de France pour faire mieux, de ce qui avait été excellent en 2015 : ne pas se faire rejoindre par l’Olympique Lyonnais (1-2) après avoir mené (1-0) à la mi-temps.

SOYAUX-CHARENTE reçoit l’OLYMPIQUE LYONNAIS. 

Soyaux n’en est qu’à sa troisième saison depuis son retour en D1 mais son passé est tel qu’on a le sentiment que ce club n’a jamais quitté le plus haut niveau de pratique du football féminin. Petit village accolé à Angoulême, le club planté au milieu de la Charente a réalisé l’exploit de ne jamais être inquiété par la descente en ayant changé trois fois d’entraîneur à chaque nouvelle saison ! Corinne Diacre pour la montée, Jean-Claude Barrault, Jean Paradès. C’est que les structures sont plus que solides.

L’Olympique Lyonnais a une fin de saison extraordinaire. D’abord, la victoire face à Soyaux lui donnerait son 10è titre de rang et certainement les honneurs des médias nationaux, ô combien mérités. Elles pourraient créer, ce que les linguistes, appellent un anthroponyme.

C’est à dire, la transformation du nom pour lui donner une qualité. Ainsi, si on prend une référence royale qui conviendrait bien aux lyonnaises, la Reine Claude de France a donné son nom aux reine-claudes. Pour donner un peu de goût à cela, le Marquis Frangipani a donné la Frangipane pour le parfum qu’il avait crée et la nymphe Daphnée de la mythologie grecque est à l’origine des fleurs blanches et roses au parfum jamais égalé.

Faire « les lyonnaises » seraient l’image des Amazones guerrières. Toujours vainqueurs. Jamais vaincues.

ALBI reçoit le PARIS SAINT GERMAIN

Les albigeoises ont une cathédrale : Saint Cécile. Les parisiennes en ont une aussi : Notre Dame de Paris. L’une est plus visitée que l’autre par les touristes du monde entier mais les deux dominent la Ville. Elles forment leur identité. Et en ce jour de Samedi ensoleillé, où le jour Saint est celui souvent du mariage et des klaxons qui vont avec, les deux clubs vont s’opposer avec des moyens différents mais en ayant le même événement à vivre : un match de football.

Les parisiennes sont favoris dans ce match et le Président albigeois ne les démentira pas quand on se souvient que son arrivée en D1 l’avait été avec l’humilité qui convient, il y a maintenant deux saisons : « nous sommes le petit canard de cette D1 ». Aujourd’hui, les choses sont bien différentes car chaque saison donne, comme pour les chats, sept ans d’expérience supplémentaire mais surtout, Albi a montré qu’elles étaient capables de gagner contre des grosses écuries : Montpellier s’en souvient pour avoir laissé une défaite sur ces terres cathares que les albigeoises avaient fêté comme une finale gagnée de Coupe de France.

Reconnaître et dire que le championnat féminin de D1 n’est pas homogène n’est en rien blessant pour les joueuses évoluant dans cette division. Cela montre juste l’esprit de compétition qu’elles ont toutes. D’une part à lutter quand ce sont les plus faibles qui reçoivent ; d’autre part à s’imposer quand ce sont les plus fortes, notamment dans « les gros matches » du championnat.

Paris vient pour conquérir. Albi vient pour se défendre. La partie sera rude. Les amateurs de sport verront de bonnes et belles joueuses. De quoi motiver des jeunes filles qui touchent un peu le ballon. Il est possible de travailler pour devenir aussi fortes qu’elles.

Le football féminin peut donner cette chance là à des sportives d’être sur le devant de la scène. C’est un sport jeune qui ne demande qu’à recevoir des pratiquantes.

LA ROCHE SUR YON reçoit SAINT-ETIENNE. 

Malika Bousseau était d’un calme imperturbable lors de sa venue à Charlety face au Paris Saint Germain (4-0). Elle le sera certainement moins pour ce match et le suivant. Les joueuses de la Roche sur Yon ont une chance minime de maintien. Elle passe par deux victoires pour les deux prochains matches. Celui-ci et le prochain contre la VGA Saint Maur.

Les ornaysiennes ont passé tout le championnat dans les trois derniers relégables, hormis une journée, et la logique voudrait que la sanction de la relégation leur soit dévolue plutôt qu’à Guingamp, qui l’an dernier avait fini 5è du championnat.

Sauf qu’elle présente un bilan à 5 victoires, c’est à dire le décompte qui permet de croire au maintien et elles peuvent s’enorgeuiller d’une belle différence avec les 11è et 12è du championnat, qui n’ont pu produire qu’une seule victoire.

Si le scénario leur était favorable, elles auraient sept victoires et pourtant .. pourraient descendre dès lors que Guingamp réussisse un match nul dans leur deux prochaines rencontres (Juvisy et Rodez).

C’est pour montrer le niveau de la performance de la Roche sur Yon. Malheureuses d’être montées en 2015-2016 quand l’an prochain, pour le même résultat, le 10è se maintiendra (deux descentes sont programmées la saison prochaine).

Saint-Etienne ne pourra qu’apprécier la performance quand elles, depuis trois saisons, rendent des copies au bord du fil de la relégation en championnat à l’opposé de leur parcours en Coupe de France, souvent flatteur et de qualité.

RODEZ-AVEYRON reçoit NIMES

Les clubs exclusivement féminins ne sont pas nombreux. Juvisy et Soyaux en font partie. Nîmes, en concubinage avec le club de Ligue 2, était de la partie avec leurs cousines de la VGA Saint Maur et d’Albi , de la même lignée, pour seule différence d’être insérées dans un club omnisport.

Dans cette D1 à douze, il ne restera que Juvisy et Soyaux pour représenter une famille féminine et d’un autre côté, Albi et Rodez pour représenter le football amateur. Le reste de la tablée sera occupé par des clubs professionnels masculins qui, d’une manière ou d’une autre, auront conclu un contrat de mariage avec le football féminin (Olympique Lyonnais, PSG, Guingamp, Montpellier, Saint-Etienne, OM, Metz, Bordeaux ? ).

Rodez est devenu un exemple pour ces clubs amateurs, se substituant à Juvisy -aux joueuses trop fortes- pour être un modèle pour les clubs féminins qui montent. Voilà un club mixte, dont les hommes jouent en CFA, qui tient la D1 depuis six saisons consécutives, en n’ayant pour seul moyen, .. qu’une université à proximité au sein de laquelle se trouve une unité de STAPS.

Rodez, club dont l’accent a tout de l’ovalie et qui ouvre ses portes aux féminines du ballon rond. Les manchots.

Rien à dire, c’est du terroir. De la région. Indéracinable. Une source qui puisse même dans ces slogans, sa racine gastronomique : « RAF ! RAF ! La patate ». Qui peut imaginer un aligot sans purée de pommes de terre ?

D’un autre côté, Nîmes va descendre. Pour mieux remonter. On n’entre pas dans l’arêne sans y revenir. Histoire de caractère. La Ligue 2 masculine en est l’exemple et les Costières bruissent de l’exploit d’un public incroyable. Plus de 10.000 en Ligue 2. Du jamais vu. Surtout quand c’est souvent pour un club à la 15è place du classement.

Remarquez, parti loin avec un -8 points qui leur donne un ton anglais. Des Nîmois parlant anglais. Original mais avec l’Europe. Normal.

William Commegrain lesfeminines.fr