Dans cette demi-finale aller de la Ligue des Champions, les pronostics vont bon train en faveur de l’Olympique Lyonnais face au Paris Saint Germain, star incontestée du football féminin international, choisi à plus de 50% pour être les futurs finalistes de la compétition face au Vfl Wolfsburg de Ralf Kellermann.

Il faut dire qu’avec ces deux clubs, vous avez cinq finales dont quatre titres européens sur les six dernières éditions. 2010, 2011 et 2012 pour l’Olympique Lyonnais (titré en 2011 et 2012) ; 2013, 2014 pour le Vfl Wolfsburg (titré pour les mêmes années).

Mais pourquoi Paris n’aurait pas sa chance ?

En football féminin, c’est souvent un tort de trouver des vérités dans le passé trop lointain car les équipes changent rapidement et il suffit de peu de choses pour que l’équilibre et la force d’une équipe ne s’amenuisent en raison d’une ou de plusieurs modifications intervenues entre deux saisons.

Donc, je ne développerais pas d’arguments favorables au PSG au regard de son passé de vainqueur face à l’Ol (Novembre 2014) pour l’avoir éliminé de la dernière Coupe d’Europe 2015, sur un nul à Charlety (1-1) et une victoire à Gerland (0-1). Je n’utiliserais pas plus le fait que le 18 janvier 2014, le PSG en championnat faisait subir à l’Olympique Lyonnais sa première défaite depuis plus de quatre ans (0-1, But de Laura Georges). Défaite qui avait fait le tour de la planète du Football féminin. Ces arguments sont trop loin dans le passé et pourtant le PSG de Farid Benstiti (ex-coach lyonnais) peut s’enorgueillir d’être la seule équipe au monde à avoir battu deux fois l’Olympique Lyonnais, ce qui est un exploit.

Je regarderais d’autant moins le passé que des joueuses comme Josephine Henning, Annike Krahn, Lindsey Horan, Kosovare Asllani, Fatmire Alushi (buteuse dans les deux rencontres), essentielles à ces victoires, ne sont plus là ; parties jouer soit aux USA pour l’américaine entrée dans l’équipe championne du monde, en Angleterre pour la suédoise et l’Allemande ou en fin de congé de maternité pour l’internationale allemande quand Annike Krahn est repartie jouer en Allemagne.

J’ai envie de regarder le présent à court terme.

Alors pourquoi Paris aurait sa chance ? 

a) Parce que Paris a fait un non-match face à Montpellier en Coupe de France (17 avril, 2-2, élimination aux tirs au but), lui coupant un des objectifs essentiels au projet qatari dans le football féminin : avoir un titre, une reconnaissance. Jean-louis Saez, le coach de Montpellier, utilise très bien ce mot : « être récompensé ». Les parisiennes, en se laissant éliminées, n’ont aucune récompense de leur travail depuis quatre ans et n’offrent aucune récompense à leur actionnaire.

Quatre ans sans rien, c’est beaucoup. C’est certainement trop. Et pas une joueuse parisienne ne peut l’accepter sans livrer un véritable combat. Chose qui n’a pas été fait dans cette demi-finale. Chose qui devrait et devra se faire dans cette demi-finale européenne. A l’évidence, les lyonnaises n’auront pas affaire au même Paris.

b) Parce que le PSG est constitué de joueuses internationales étrangères qui le disent elle-même lorsqu’elles quittent le championnat français. Il n’y a pas assez de matches avec des risques de défaites. Le niveau n’est pas assez homogène. Elles perdent du plaisir à jouer et n’arrivent pas à aller au bout d’elles-mêmes lorsqu’elles sont fatiguées par des matches internationaux supplémentaires, ne trouvant cette force que pour certaines rencontres qui ont du parfum et de l’opposition. Ne l’ayant pas trouvé face à Montpellier.

Cet Olympique Lyonnais – Paris Saint Germain en a toutes les saveurs. Les parisiennes vont la jouer bien moins fatiguées qu’elles ne l’ont été face à Montpellier. Alors, pouvoir dire, pour une internationale française comme étrangère : « nous avons gagné face à l’OL en les éliminant d’une demi-finale européenne pour prendre leur place en finale de la Ligue des Champions » ; il y a de quoi en être fière comme de pouvoir le négocier auprès du club voire d’un nouveau club … Cela a un sens et cela a de la valeur. Il y aura les mêmes internationales sauf qu’elles seront en mode « victoire ». Individuelle comme collective. Elles savent que c’est nécessaire. Mieux, elles savent le faire.

c) parce que le Paris Saint Germain a d’excellentes joueuses internationales françaises comme étrangères et qu’en plus, son coach Farid Benstiti connait précisément l’Olympique Lyonnais (coach de l’Ol pendant 10 ans) et qu’il a construit un club européen en très peu de temps.

d) Parce que Jean-Michel Aulas l’a dit lui-même après le dernier match nul en championnat à Charlety. Le Paris Saint Germain se rapproche. Effectivement, il n’y a qu’une différence de trois points au classement. On ne peut écouter un tel constat venu d’une telle expérience sans lui donner un crédit qui ne soit pas seulement celui de la parole mais celui de la vérité. Effectivement, le PSG se rapproche.

Est-ce à dire pourtant que ces constats suffiront à faire gagner les féminines du PSG dans cette course à l’Europe dont Gérard Prêcheur disait à juste titre qu’il s’en était fait sa priorité. A l’évidence, non.

Tout dépendra du jeu produit par l’équipe parisienne dans l’instant des 90 minutes à l’aller et des 90 minutes suivantes au retour. Farid Benstiti joue gros sur cet aller. La dernière rencontre en championnat s’était soldée par un 5-0 sans pitié. Les lyonnaises peuvent en mettre dix si elles sentent la possibilité de le faire. Mais c’est du passé. Et le passé ne se répète que si on le veut bien. Inutile de penser qu’il en sera de même. Le staff parisien ne le voudra pas.

En conclusion je dirais donc que le Paris Saint Germain a sa chance car il est fait d’internationales de très haut niveau qui vont jouer un double match unique dans la saison pour obtenir la possibilité de jouer une seconde finale européenne consécutive (2015, 2016) face à un club allemand et cette fois, d’une part pouvoir en sortir vainqueur avec le titre de Champion d’Europe 2016 ; et d’autre part, pour signer une petite revanche après la défaite à la dernière minute face à Frankfurt (finale 2015), être enfin récompensées du travail accompli comme récompenser l’actionnaire qui a investi.

.. tout cela est bien suffisant pour justifier d’une réelle chance pour le PSG de passer cette demi-finale face à l’Olympique Lyonnais, car le PSG a les meilleures joueuses internationales qui iront quasiment toutes à Rio en 2016, même si certaines sont suspendues (Shirley Cruz, Jessica Houara D’Hommeaux) pour cet aller. Et qu’enfin, le match retour se fera au Parc des Princes. Impossible de ne pas y être pour ne pas y livrer un combat quand on se souvient de l’émotion que leur dernière rencontre au Parc avait procuré aux parisiennes.

D’autant plus suffisants que si les prestations précédentes ne sont pas au niveau, on ne refait jamais ses erreurs quand on est une SHN (sportive de haut niveau). Ou alors, ce n’est pas une erreur, c’est une limite.

Si en plus, on intègre que Paris est la seule équipe à avoir gagné deux fois face à l’OL à Gerland sur le score de (0-1), que Farid Benstiti a les meilleurs stats face à l’OL, que le PSG a la meilleure buteuse européenne en activité et la meilleure buteuse française dans ses rangs, que le Brésil est au bout de chaque geste de Cristiane et de Rosana, que la sérénité et la complicité de Seger et Dahlkvist est incroyable, sans compter les joueuses françaises qui jouent aussi leur place aux JO de Rio ; alors on ne peut pas dire que Paris n’a pas ses chances même si ce match se jouera au Parc OL.

A elles et au staff de les utiliser. Face à Lyon, ce ne sera pas facile mais elles auront une ou plusieurs chances. Alors .. ?

William Commegrain lesfeminines.fr