Jean-Louis Saez, coach de Montpellier nous livre son regard sur cette fin de saison. Il a une vision plutôt sympathique de ces dernières journées avec un titre pour chacun des clubs encore en lice. Sauf qu’avec Lyon, c’est difficile d’imaginer qu’elles puissent laisser deux titres sur trois.

Est-ce qu’il y a de nouveaux objectifs à part la 3ème place du championnat ? Est-ce qu’ils sont re-visités ou pas ?

Pas spécialement, car on est là où on voulait être. Notre jeu est en train d’évoluer et on commence à avoir un peu plus de palettes à notre disposition.

On est en progrès dans notre jeu collectif avec un jeu plus en possession alors qu’auparavant on était plus sur un jeu de contre-attaques.

Je travaille pour que mon équipe soit dans ce style de jeu avec un jeu rapide pour se projeter vers l’avant et un jeu de possession. Avant, face à Paris et Lyon, on ne pouvait que contrer, sans avoir la main mise sur le jeu.

Maintenant, on a eu cette possession et malgré l’absence d’Utsugi, de Toletti,  de Tonazzi et de Gauvin on a réussi sans trop souffrir de ces absences là. On continue à gagner même si c’est toujours avec quelques difficultés, mais on garde l’emprise sur les matches avec une meilleure maitrise du jeu. Il y a des choses intéressantes tout en sachant que l’on doit s’améliorer.

Je dirais qu’on est à 50%, 60% du potentiel au niveau du groupe et si on gratte peu, on a le sentiment que l’on peut faire quelque chose dans notre spontanéité et notre jeu vers l’avant mais cela passe aussi par cette phase là : que l’on soit meilleur dans notre construction collective.

Au final, on est peut-être les arbitres du duo qui se dessine entre Paris et Lyon. On a réussi à grappiller des points face à ces deux équipes là, ce qui était l’objectif de cette fin de saison et on se rapproche en même temps.

On permet aussi de garder le suspense dans le championnat car quand je suis arrivé, il y a deux ans, Lyon était champion à la trêve.  On est donc là où on voulait être.

Q. A t’écouter, on voit des pistes de progression mais est-ce suffisant de voir des pistes de solutions internes alors que sur le plan de la compétition, il n’y a rien de possible ? Est-ce qu’il n’y a pas une insatisfaction à constater que l’on est souvent 3ème ou 4ème ?

Je dirais que je ne peux pas dire que l’on peut gagner avec cette maturité là ; mais pour le moment, j’ai un groupe qui est là, et nous sommes dans les clous à cinq journées de la fin. On est pas loin de la première place voire de la deuxième et on est aujourd’hui en demi-finale de la Coupe de France.

Je vois la fin de saison de manière optimiste. Est-ce que l’on va réussir ou pas ? Cela va être la persévérance de mes joueuses et la force de caractère individuel car collectivement, on est de plus en plus armés.

Après il ne restera qu’à être présent dans les grands rendez-vous et je dirais que tous les matches vont être des grands rendez-vous car on ne veut pas lâcher nos points et suivre Lyon et Paris … et pour nous, par moments, on est peut-être en sur-régime.

Je suis convaincu que l’avantage qu’ont Lyon et Paris, en dehors des moyens, c’est le fait de la moyenne d’âge. Je vois que l’expérience permet de passer à travers certains pièges, car à un moment donné, il y a un vécu de groupe, une expérience des joueuses, et que cela on ne pourra pas le colmater aujourd’hui car nous sommes un club formateur et on a envie de garder cette identité là.

Q. Plutôt réussi ! D’autant plus qu’à Montpellier toutes les filles sont parties en sélection. Vous devez être deux ?

On est quatre. Rires. Et en plus quatre potentielles internationales. Ce serait bien qu’elles récupèrent d’ailleurs car je sollicite un petit peu les joueuses et pour des filles comme Marie-Charlotte Léger, Sakina Karchaoui, enchaîner les matches à 19 ans, c’est quand même difficile.

Q. Je reviens : « Est-ce que ce n’est pas frustrant de se contenter de faire évoluer son groupe ? »

C’est vrai qu’on se retrouve un peu comme Paris l’an dernier, avec peut-être le risque, à ce jour, de ne rien gagner mais on est à trois mois de la fin et on a toujours nos chances de gagner quelque chose. Je vois bien qu’aujourd’hui ce soit plus Lyon et Paris qui soient armés pour arriver à cela. Mais cela serait quand même désolant si sur les trois années à venir, ils arrivent tout le temps à cela. D’un autre côté, c’est un peu le risque.

Lyon est bien parti pour gagner le championnat, la Coupe de France et peut-être la Ligue des Champions. C’est vrai que tout peut revenir à Lyon mais je dirais que si Lyon gagne le championnat, Paris la Ligue des Champions et nous la Coupe de France, cela pourrait faire aussi quelque chose de sympa pour le football français.

Si j’arrive à garder mon groupe et le faire progresser, on comblera un petit peu le potentiel financier de Lyon et Paris mais c’est vrai que la machine Lyon et Paris dans un championnat français, cela peut être usant à terme. Mais cela peut changer. Il faut y croire.

Q. Je reviens sur cette idée positive. Gagner le championnat pour Lyon, Paris la Ligue des Champions et Montpellier la Coupe de France. Ce serait magnifique.

Ce serait magnifique, sauf que Lyon aspire à faire le triplé mais je me satisfait aussi d’avoir fait un (0-0) face à la meilleure équipe d’Europe. Après réflexion. On est content d’être là et si on arrivait à gagner quelque chose, ce serait extraordinaire.

William Commegrain lesfeminines.fr