Le football européen et mondial se jouent d’un nouveau rebondissement avec la démission du Président de la puissante Fédération allemande (DFB), Wolfgang Niersbach, 64 ans, ancien journaliste de la chaîne N24, devenu son Président (2 mars 2012) après être passé par toutes les arcanes du Mondial 2006 (le marketing, les médias, les accréditations et l’organisation de l’événement) alors que ce matin même du 9 novembre 2015, l’homme entrait confiant, au siège de la DFB, aussi transparent que l’est la façade idyllique de cet immeuble de verre translucide, pour assumer et  assurer sa convocation devant le Comité Directeur, et en ressortir, illuminé d’une nouvelle vérité : «Je me suis rendu compte que le temps était venu pour moi d’en prendre la responsabilité politique». 

Qui a dit qu’il n’y avait plus d’église ? Qui a dit qu’il n’y avait plus de conversions ? Qui a dit que l’illumination biblique n’était plus de ce monde ? L’homme est entré avec ses pêchés dans l’église orthodoxe du football, pointant dans l’élite mondiale, entre la 2ème et 3ème place mondiale, quatre étoiles sur le maillot, si proche du Brésil, vainqueur de la Coupe du Monde 2014, auteur d’un  7-1 historique face au Brésil en demi-finale .. pour en ressortir, pécheur et prêcheur d’une nouvelle parole : la vérité ?

Au sud de l’Europe, le grec se marre. Assis sur sa chaise de bois. Sous un soleil de Novembre qui serait une chaleur d’été allemande. Le Grec se marre. Il a le sourire radieux. L’œil s’illumine. Ce n’est pas un rictus qui se dessine, c’est un sourire qui donne à ce visage encore rond des saveurs huilées et sucrées maintenant oubliées d’avant 2008, la plénitude du bonheur.

Enfin l’homme sait qu’il existe un droit divin. Bien plus fort que l’arrivée de Tsipras au gouvernement qui n’a pas fait lâcher un pet de plus ou de moins à son âne qui a remplacé sa Volkswagen, partie depuis longtemps dans les bras d’un des derniers athéniens, pour payer ce remboursement de sa belle maison blanche qui joue des dernières couleurs du soleil, accompagnée de ce chat qui vient, comme chaque matin, chercher un jour, le pain, un autre une caresse.

Déjà, il avait franchement senti les premières lueurs du plaisir « de la revanche » avec cette tentacule allemande de Wolfsburg qui avait dû admettre, bon gré-mal gré, qu’ils avaient bien triché sur ce qui est pire pour les allemands : des indicateurs de mesure technologique et scientifique, peuple bercé au mot « exactitude et précision » et qui là, sous les yeux du Monde, s’avouait pécheurs et voleurs, pour … pire de tous les vices, non pas le faire pour le gain, mais pour bien pire, bien plus, .. contre Dame Nature. Dans le pays qui portait dans ses couleurs, le vert des premiers écologistes ! C’était un comble !

Oui, il avait souri. Mais pas plus. Car le Grec n’est pas aussi versé dans la subtilité sociétale. Il aime bien son plaisir et l’homme méditerranéen était bien plus interpellé par le roulement d’une hanche féminine que par le roulis d’une voiture non écologique.

Mais là, franchement, on entre dans un autre monde, nous sommes dans une autre église. L’église du football. Celle qui ouvre des passions et qui permet au plus faible de bouter le plus fort. L’homme a encore des larmes qui perlent aux souvenirs de son père, devenu vert, sous les couleurs de Saint-Etienne, quand l’unique expatrié français d’origine grec, Yves Triantafilos (Olympakios Le Pirée 1971-1973, double champions), avait participé au début de l’aventure incroyable du football européen forezien. Lui-même, bien plus tard, avait chanté et dansé le sirtaki de bonheur quand la Grèce avait gagné ce championnat d’Europe en 2004, au nez et à la barbe du Portugal, pays organisateur, après avoir vaincu la France, tenante du titre.

Oui, la Grèce avait eu ses moments de bonheur populaire. Mais là, c’est une autre Histoire. Que l’Allemagne, dans l’Olympe du football mondial, chute pour un pot de vin de 6.700.000 € versé à la FIFA pour obtenir en 2000, la Coupe du Monde 2006. C’est drôle.

Mais, quand on est grec et que la matrone Angéla Merkel a descendu la Grèce de son oriflamme économique pour la mettre plus bas que le bas de la terre, au simple motif, que la réalité des chiffres avaient été « maquillés » par les services des plus grands cabinets de conseils, transformant la Grèce en un pays qui a du réapprendre à aimer simplement la vie, quand les autres apprenaient à en jouir. Devenu révolutionnaire pour survivre quand d’autres ne le sont que pour vivre. Ayant réappris à puiser dans son Histoire philosophique pour apprendre à aimer goûter à la caresse de la philosophie de Vie, puisant dans l’historique Platon les mots qu’il voulait entendre quand les paroles de la Triade financière, le couvrait d’une honte qui semblait prendre un chemin historique.

Alors d’entendre que l’Allemagne, dans son église football, avait fauté et triché. C’est un bonheur. C’est une joie. C’est une plénitude. C’est un deuxième cadeau de Dieu.

Et là, dans cette chaleur de Novembre, l’homme grec assis sur sa chaise se laisse aller au plaisir des sens. De son émotion. Et comme un homme libre qui a appris à se contenter de peu, c’est sans vergogne qu’il se lève, retrouve la force et l’orgueil de l’Histoire, plante un pied et un autre, porte son menton droit, ferme ses yeux et se met à faire danser, devant lui, toute une litanie d’amis et d’amies, oubliés ou perdus, dans la danse frénétique du plaisir d’être : le sirtaki. Fier et orgueilleux. Ses yeux plongent dans ceux qu’il imagine d’Angela Merkel.

Et sous la sueur de son intrépide orgueil, seul sous les yeux des autres qui s’arrêtent, il interprète l’hymne national de l’orgueil et de la délivrance. L’international du genre humain.

Et sous les yeux de tous qui l’accompagne, sa danse frénétique devient la danse de l’identité. Un autre vient, puis un autre, puis une autre. La flamme des uns rencontre celles des autres. Le sourire sauvage explose dans les regards. Les grecs chantent et dansent.

En ce soir du 9 Novembre 2015. Les grecs se marrent. Ils respirent le bonheur d’être.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : on entend distinctement un bruit lointain parisien qui accompagne les pas des danseurs grecs. Nikos Aliegas, tambourine dans son appartement parisien. Le pas de Zorba le Grec au cœur de son Histoire, il danse noir, dans le reflet de cette immense glace de son appartement haussmannien. Sa fille le regarde. Déjà, une future grecque.