Focus sur les trois décisions individuelles qui ont donné les trois buts. 

Trois buts différents. Trois initiatives. 3 tentatives et ce qui est impressionnant, c’est que les trois buteuses ont vu le trou en face d’elle, et alors, elles se sont appliquées pour mettre la balle à cet endroit. Imparable.

Marie-Laure Delie, PSG, avant-centre, 94 sélections, 63 buts, 27 ans.

Marie-Laure Delie fait une tentative totalement esseulée en décidant de se retourner alors qu’elle est très loin des buts, hors de la surface de réparation. Elle prend une décision qui montre une détermination à aller vers le but, même seule. Peut-être est-elle certaine de faire la différence ? Peut-être veut-elle utiliser toute son envie et ne pas attendre qu’une occasion la lui procure ? En finalisant une action collective. Alors, elle envoie. Et, effectivement, elle fait une différence incroyable.

Quelle sensation a t elle dûe ressentir en s’apercevant que sa décision était la bonne ? Aucune idée, mais elle a dû être forte. Pourtant, ensuite, elle est coupée par la défenseuse centrale. Alors, elle utilise son bagage d’expérience et de technique et avoir ce qu’elle recherchait : le but en face d’elle, à portée de ses pieds. Et telle un sniper, elle se pose calmement pour enregistrer et analyser la situation et choisir tirer du gauche, qui n’est pas son pied naturel, pour rendre une balle brossée intérieur, inaccessible à la gardienne. Le calme avant la tempête.

Quant à sa demi-volée qui finit sur la transversale à la 90′. Elle fait encore partir un gauche, en se forçant pour la tenter alors qu’un contrôle aurait assuré, une transmission. Elle avait décidé de jouer ses intentions, de manière individuelle et tout autant, pour une finalité collective.

Elise Bussaglia, Wolfsburg (Ger), milieu défensif, 149 sélections, 27 buts, 30 ans. 

Elise Bussaglia, quand elle reçoit le ballon, n’est pas la destinataire de celui-ci. Il lui vient, bougé, touché, raté par d’autres. C’est la surprise.

Et là, elle voit devant elle une partie des cages vides. La gardienne est comme les autres joueuses, en train de regarder cette balle qui bouge dans la surface, comme une balle de billard, touchée, pour repartir ailleurs et encore ailleurs.

La Française est actrice du jeu. Elle voit le trou. Ni une, ni deux. Sans excès d’émotion, elle envoie non pas une mine, mais un tir qui a la volonté d’être cadré. Le résultat s’impose. Elle a été plus vite que tout le monde. La balle va droit au fond des filets. Imparable.

Elle peut savourer ce moment de maitrise. Calmement. A sa manière. Elle va vers son poignet. Là, il y a quelque chose qui est de l’émotion. Alors, elle glorifie cet endroit. Puis ensuite partage avec les joueuses de l’équipe de France.

Amel Majri, Olympique Lyonnais, latérale gauche, 13 sélections, 2 buts, 22 ans. 

Amel Majri est une boule de nerfs. Une boule de technique. C’est incroyable cette capacité française à sortir des latérales, petites, mais d’un dynamisme incroyable. Une marque de fabrique. Elle est jeune et gauchère. Depuis le début du match, on a dû lui donner 30% des ballons pour qu’elle déborde sur le côté gauche. Et, à chaque fois, elle s’est essayée à ce jeu de l’opposition et du centre. Elle a un tel potentiel physique et cela correspond tellement à son envie qu’elle semble être comme le ressac d’un mer, un mouvement éternel. Au football, il ne peut que durer 94′. Tout au plus. Alors, ce sera 94′.

Mais là, elle est dans la surface. Au deuxième poteau comme disent les commentateurs. Assez loin des buts mais dans la surface. Cette endroit, où quand vous y êtes, votre coeur s’accélère un peu plus. Beaucoup pour certains. Il serait d’ailleurs intéressant de mesurer cela médicalement. C’est peut-être déjà fait. La balle arrive dans ses pieds, mais devant elle, se trouvent des quilles ukrainiennes de plus d’1m70, et elle devine la couleur rouge du maillot de la gardienne qui bouge, en train de chercher le ballon du regard. Cette boule de sphère qu’elle doit voir, si elle veut pouvoir l’arrêter. C’est un duel. Entre l’initiative de l’adversaire et la gardienne.

Elle n’est pas sur son pied. Normalement, c’est un duel gagnant pour la gardienne. Cela ne le sera pas. Il faut dire qu’Amel Majri a enchanté les YTubers avec un contrôle talon sur une transversale, suivie d’une reprise vers le destinataire, répétée trois fois comme un pianiste pourrait faire chanter un piano, de notes sublimes, en plein sarajevo des années 90. Tout simplement surprenant, tout simplement avec talent.

Alors, la jeune française voit l’impossible. Vous savez, cette arête des deux poteaux. Entre celui horizontal et celui vertical. La fameuse toile d’araignée. Sans réfléchir, mais à quoi sert de réfléchir à ce moment, le jeu et la technique prennent le pas sur la situation et la voilà, qui, .. de son pied contraire, met un but que le Dieu Maradona aurait signé sans contexte. Une toile d’araignée, en plein match international, pour son équipe nationale. Je ne sais pas si dans 10 ans, quand certains lui poseront la question, ce ne sera pas le but qu’elle retiendra. Le tout devant 500 spectateurs, tout au plus, dans un stade de 32.000 places.

Les trois l’ont fêté calmement. Le calme avant la tempête. L’idéal pour scorer. Elles ont réussi à le faire.

Le football féminin, c’est aussi cela. Et pourquoi pas.

Elise Bussaglia, Amel Majri. La vidéo des trois buts français face à l’Ukraine pour ce deuxième match qualificatif pour l’Euro 2017, qui devrait lui ouvrir sans problème, les portes de cette compétition après une victoire nette sur l’équipe nationale qui était celle ayant le classement le plus élevé de ce groupe.

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