Farid Benstiti, coach du Paris Saint Germain, devenu l’une des quatre meilleures équipes en Europe, entamant sa quatrième saison à la tête du Nouveau PSG version féminine, avec une finale de la Coupe de France en 2014, une finale de la Ligue des Champions en 2015, et être arrivé trois fois vice-champions de France consécutivement (2013, 2014, 2015) derrière l’Olympique Lyonnais,  nous donne sa vision du PSG 2015-2016 et sur la féminisation du football dans les années à venir.

Totalement pris par l’organisation de sa nouvelle saison où l’objectif fixé est de prendre un titre majeur, « le plus beau dans son esprit serait celui de Champion  de France », quand il précise que le titre européen est plus facile à obtenir « quand on a l’Olympique Lyonnais dans son championnat », certainement une des meilleures équipes au monde tout en situant « le PSG dans un quatuor mondial » où les équipes allemandes sont à l’évidence présentes.

Le Championnat de France est très relevé avec l’Olympique Lyonnais, toujours aussi fort. Il est plus facile de gagner la Coupe d’Europe que le Championnat de France
L’anachronisme est là quand on trouve dans notre et un même championnat les deux équipes qui ont fait avancer le plus le football féminin depuis ces dernières années et où Philippe Boindrieux, le responsable de la section féminine, disait au soir de la première qualification européenne dans les gradins de Maquin, « Le problème pour le titre, c’est qu’il y a l’Olympique Lyonnais dans notre championnat » ; mais en même temps, cette concurrence permet de faire avancer le football féminin français et d’avoir comme objectif « de se mettre au niveau de l’Olympique Lyonnais » qu’il a d’ailleurs trouvé toujours très fort au Tournoi du Valais, produisant « des liaisons comme nulle autre pareil » et ayant réussi « l’intégration de jeunes joueuses d’avenir montrant que le Président Jean-Michel Aulas a toujours la volonté de conserver le leadership français », capitalisant sur une image qu’il a façonné avec le temps.

Ses deux renforts brésiliens sont donc dans ce cadre, et le coach parisien, ex-coach de l’Ol pendant quasiment une décennie, cherche à améliorer son secteur offensif avec Christiane « une joueuse d’expérience, qu’il connait avec précision pour l’avoir eu à Rossiyenka (Russie) et venir en soutien de Marie-Laure Delie, Anjà Mittag et Lindsey Horan pour marquer dans les moments difficiles ». Avec deux caractéristiques auxquelles il souhaite répondre : l’une défensive sachant qu’il aura très peu d’occasions face à l’Olympique Lyonnais,l’autre offensive en « ayant pris une gauchère ». Très important pour lui.

Mais la perle est ailleurs, avec Erika, moins connue mais pour autant très prometteuse qu’il considére « comme une des futures meilleures joueuses au monde, avec un potentiel énorme peu exploité et qui lui apporterait la possibilité de faire souffler Laura Georges et Joséphine Henning, en ayant en plus l’avantage de la polyvalence avec un poste en milieu de terrain ».

L’objectif fixé semble être de tout gagner.

Et quand la question vient avec l’esprit de bousculer en insistant sur le tout, le coach parisien n’essaye même pas de mesurer ses propos en rappelant juste qu’ils vont « essayer » de tout gagner car c’est loin d’être facile : l’Olympique Lyonnais est bien inscrit dans l’esprit parisien.

La confrontation avec l’Olympique Lyonnais va être un superbe match sous les caméras d’Eurosport. Les filles du PSG ont l’envie d’avoir des titres.
A l’inverse, le courant de nos réflexions nous amène à considérer, après avoir rappelé que c’est un groupe qui gagne, qu’une des forces du Paris Saint Germain c’est d’avoir « des filles qui ont soif de victoires, soit pour en avoir été privées comme Sabrina Delannoy ou Jessica Houara d’Hommeaux, soit pour continuer à en vouloir comme Shirley Cruz, Laura Georges et Anjà Mittag ».

Un rendez-vous « de championnat du monde » le 27 septembre 2015.

Si le portrait de la saison se dessine avec ces deux leadeurs, bien au-dessus des autres, on ne peut qu’attendre les deux confrontations directes dont la première se tiendra le 27 septembre 2015 à Gerland, sous les caméras d’Eurosport, pour comme lors d’un championnat du monde de boxe, que tous les protagonistes du football féminin, se mettent autour du ring et puissent voir qui en sera vainqueur.

Une vision internationale. 

Le football international change. Il est plus globalisant et de nouvelles nations emergent.
Mais le football féminin évolue au-delà du championnat national a deux têtes et notre conversation prend vite des allures de mondialisation et de globalisation de ce sport qui est « le seul sport féminin à l’échelle mondiale qui connaisse une telle expansion », partant de loin il est vrai. Faisant ainsi référence à la Coupe du Monde de Juin 2015, où la place de quart de finale française a été un échec, il note l’arrivée nouvelle et récente « des équipes sud-américaines (Colombie) et africaines (Cameroun) dans des zones où la pratique de la féminisation du football a rencontré de nombreux obstacles », montrant ainsi que des barrières ont été levées et qu’un afflux de nouvelles ressources et compétences est en train de surgir.

Un football professionnel fort en terme d’images .. mais sans rentabilité financière. 

Il croit à l’arrivée d’un football professionnel avec douze clubs issus des clubs de Ligue 1 et Ligue 2, « ne serait-ce que pour le savoir-faire en terme d’infrastructures, de formations et de prévention médical que ces clubs maitrisent à la perfection et surtout pour répondre à la demande forte de jeunes joueuses de vouloir porter l’écusson « d’une équipe masculine » plutôt que celui d’une équipe féminine », moins connue et moins attractive en terme d’images. Encore plus quand on voit les conditions d’entraînement avec des éducateurs qui trouveront là, aussi des moyens de valorisation à s’occuper des féminines en formation.

Le football féminin sera tenu par les clubs professionnels car ils ont le savoir-faire même si economiquement il n’y aura pas un véritable marché financier pour les joueuses.
A l’inverse, il m’accorde que tout cela ne peut pas exister aujourd’hui compte tenu que « l’aspect économique n’est pas du tout équilibré avec un investissement financier sans retour en comparaison du football masculin pour les clubs professionnels », et en notant que pour l’instant, seuls « le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais rémunèrent de manière conséquente la section féminine, à moindre échelle Montpellier » quand les autres clubs professionnels ne suivent pas la même tendance.

Et qu’ils ne risquent pas encore de le faire quand je surenchéris en prenant l’exemple « du football anglais qui possède les droits les plus faramineux du football mondial (8 milliards d’euros à venir) avec des clubs féminins qui ne percoivent rien de cette surenchère », montrant bien que seul le football masculin est glouton de cet argent réinvesti dans un spectacle qui est pour l’instant, exclusivement masculin et que les exemples du PSG et l’OL ne peuvent pas être présentés comme la réalité d’un marché.

Des coaches jeunes qui arrivent. 

Il n’empêche que pour lui l’avenir se dessine là, avec une globalisation des ressources ce qui nous ramène à l’expression de cette mondialisation qui se fait tous les quatre ans lors notamment du dernier Mondial 2015.

De jeunes coaches sont en train de surgir et ils ont quelque chose à apporter au football international
Lorsque j’exprime que les USA sont quasiment imbattables avec cette politique nationaliste où toutes les joueuses internationales sont au « service d’une équipe nation » et qu’elles se préparent en commando pendant six mois sans contrainte de championnat, soit terminé, soit jouée par d’autres joueuses ; Farid Benstiti me coupe en disant « qu’il n’est pas d’accord et que de son avis, les USA ont gagné cette Coupe du Monde plus en raison de nations vieillissantes, jouant un football « à l’ancienne » avec des coachs qui n’ont pas assez fait évoluer leur système de jeu, que sur leurs qualités » et il trouve qu’il y a de jeunes coachs qui sont en train d’éclore (le sélectionneur de l’Angleterre, le coach du Bayern de Munich, etc..) qui proposent des alternatives intéressantes qui méritent l’observation et la reconnaissance.

Il termine en pensant que « le Brésil, la France, l’Allemagne, la Suède comme le Japon , intrinsèquement peuvent battre les américaines » et qu’il faut donner sa chance à de nouveaux coachs, et ayant un peu peur, que pour l’équipe de France, il y ait un trou de génération avant de retrouver de tels talents qui ne se sont pas faits sans travailler et qu’il faudra un temps de travail pour que les jeunes arrivent à ce niveau, voire plus haut, ne doutant pas qu’elles en ont la capacité dès lors qu’elles donnent autant que la génération actuelle a donné. « Car elle a beaucoup travaillé pour arriver à ce niveau là ».

Je lui livre le fond de ma pensée en disant que les deux quatrièmes places françaises (Mondial 2011 et les JO de 2012) étaient des performances et pour Farid Benstiti, « les Jeux olympiques à Rio au Brésil sont essentiels pour que la génération ait la récompense qu’elle mérite et conserve une dynamique profitable à 2019 pour la Coupe du Monde en France », tout en intégrant qu’il peut y avoir un trou de génération.

William Commegrain lesfeminines.fr