Impossible de savoir si la faconde de Jean-Louis Saez afin de commencer le championnat est dû au magnifique temps montpelliéran qu’il décrit « comme étant chaud et qui reste agréable avec un 29° » ou si celle-ci serait due à la récente contre-performance lyonnaise. Comme d’habitude quand il s’agit de réflexions à qui on veut donner le rôle de certitudes pour se montrer intelligent : ni à l’une, ni à l’autre.

Le ton est clair : « ce sont les allemandes quand même ; c’est une préparation, il faut faire des tests à ce moment là ». Rien ne le prédispose à un changement de cap avant coup et Jean-Louis Saez est tout simplement enjoué car il sent que son groupe est prêt pour la compétition et qu’il a « envie de démarrer pour voir comment on peut s’orienter ».

Une équipe très internationale. 

Montpellier est quand même formé de cinq titulaires étrangères qui me fait lui dire qu’il est dans la lignée du Paris Saint Germain, et dont il reconnait qu’elles sont essentielles dans son jeu avec la plus ancienne Rumi Utsugi et la plus expérimentée (26 ans, milieu, Japon, vice-championne du monde 2015, championne d’Asie 2014, vice-championne olympique 2012, championne du monde 2011) qui est présente depuis plus de cinq saisons ; Linda Sembrant (def, 28 ans, suède) et Sofia Jakobsson (att, 24 ans, suède) arrivée la saison dernière et les deux nouvelles que sont l’espagnole Virginia Torrecilla (milieu, 20 ans, espagne, Barcelone) et la brésilienne Andressa (Att, 22 ans, brésil, Boston) venue de la franchise américaine de Boston Breakers. Auquelle il convient d’ajouter la jeune américaine Genessee Daughetee (22 ans), venue dans un premier temps pour des choix universitaires et qui s’est révélée ensuite, faisant même la dernière finale de la Coupe de France (1-2) face à l’Ol sortie gagnante.

Le coach Montpellierain est enjoué car il voit de nature, les choses de manière positive et quand nous abordons la question de la nouvelle présence de Patrice Lair dans le staff du pool féminin, il y voit un excellent apport d’expérience et de compétences qui ne peut que permettre d’avancer et d’apporter une plus-value avec son expérience rare dans le milieu du football féminin (deux finales européennes, deux titres de Champion League, titres en championnat et titre en coupe de france), chacun apportant à l’autre.

Des objectifs qualitatifs qui donneront des objectifs quantitatifs. 

Et lorsque la conversation va vers les objectifs du club en rappelant que souvent, Montpellier a paru être dans la capacité de postuler les saisons précédentes sans réaliser pour autant ; Jean-Louis Saez rappelle avec dynamisme et enthousiasme son récent parcours dans le football féminin avec un premier groupe en fin de cycle de vie, une seconde année avec une introduction de nouvelles têtes qui a donné « en fin de saison un parcours étonnant de qualité » avec notamment une superbe finale de Coupe de France, trois victoires de rang face à Juvisy Fcf et une quatrième place revenue de loin, et maintenant une troisième saison avec un groupe plus établi qui a déjà une période de vie commune.

L’objectif du coach est à l’image de sa personnalité. Il n’est pas quantitatif, il est qualitatif. Il souhaite que les filles, avec nos possibilités qui sont moindres que celles de l’OL et du PSG, « montent d’un cran » et aillent dans la démarche « d’imposer leur statut plutôt que de le subir et à mettre de côté « les complexes d’infériorité »  pour jouer leur jeu « avec l’envie d’y croire » afin de ne pas revivre la finale de la Coupe de France où le commentaire final avait souvent été : « oui, mais c’est Lyon ».

Pour Jean-Louis Saez, la saison sera réussie si l’équipe joue son jeu sans cette hiérarchie dont il s’entend avec moi pour dire que c’est une caractéristique dans le sport féminin tout en s’accordant pour reconnaître qu’il y a des prémices montrant qu’elle est en train de s’amenuiser grâce à la professionnalisation.

Un regard positif sur l’avenir.

Montpellier est un club dans un environnement qui évolue et lorsque la question va vers l’arrivée des clubs de Ligue 1 en D2 française (Lille et Bordeaux), là encore la signature de l’esprit positif de Jean-Louis Saez s’exprime avec l’apport qu’il voit dans cette arrivée pour les jeunes joueuses en U19 qui ne trouvaient pas de place pour s’exprimer dans les équipes actuelles et qui devaient aller jouer dans des clubs avec moins d’entraînements et de moyens, perdant ainsi leurs qualités initiales pour, avec cette nouvelle offre, avoir la possibilité de trouver des moyens et des structures pour progresser, s’améliorer et ainsi arrêter ce que les coachs voyaient de plus en plus : des jeunes qui arrêtent vers 24-25 ans, à défaut d’offres qui les intéressent pour aller vers une autre voie, familiale et/ou professionnelle.

Et il est comme bon nombre, à ne pas être convaincu que l’arrivée de ces clubs soient nécessairement source d’inflation en terme de rémunérations bien que la ressource de haut niveau soit rare. En effet, ils ne sont pas si nombreux les clubs déjà installés à avoir engrangé une politique inflationniste, à part l’Olympique Lyonnais « qui veut à tout prix remporter le championnat » quand il énumère ceux déjà présents : le Paris Saint Germain, Guingamp, Saint-Etienne et eux-mêmes me déclarant un budget global légèrement supérieur à 1 million d’euros pour 5/6 équipes et une dizaine d’éducateurs.

D’où l’idée qui me revient de proposer une grille de rémunération acquise à chaque début de saison, négociée entre les joueuses et la fédération, et basée sur le nombre de matches joués dans la saison avec des précisions sur tous les cas d’espèces (blessures, autres). Certaines joueuses pouvant être hors grille en fonction de critères à définir : EDF, titres, reconnaissance individuelle, etc.. La gestion de la rémunération donnerait un coût prévisible pour les clubs de L1 et L2 et fixerait un prix et donc une valeur au football féminin. C’est le fruit de ma réflexion après plusieurs consultations et discussions dans le domaine.

Reste le graal de notre discussion : l’équipe de France et la prochaine Coupe du Monde où quand deux esprits positifs se rencontrent, ils ne cherchent pas les chances françaises mais le sens donné à cette organisation. On a vraiment envie de la réussir cette Coupe du Monde, même si c’est encore loin, et plus on produira du beau jeu, plus il y aura de monde dans les stades et cela démarre par tous les clubs, à chaque saison, pour chaque match afin que cela donne envie au plus grand nombre à venir au stade, comme à pratiquer. Cela ne peut-être que du bonus pour les joueuses qui trouveront là, le seul miel qui les intéresse vraiment : la progression et la reconnaissance.

Nous tombons là totalement d’accord sur l’essence même des joueuses et il est impossible de se quitter autrement qu’en demandant : mais qu’est-ce qu’à Montpellier pour attirer autant de joueuses étrangères ? La réponse n’a même pas besoin de fuser tellement elle est évidente : « les outils de travail. Le médical. Le centre d’entraînement. Les moyens ».

Avouez, comme moi, vous attendiez déjà « le soleil ! » Quand même Jean-Louis Saez finit par « le soleil », mais « des fois il fait trop chaud ». Sourire de mon côté.

Enfin, « C’est vrai, le soleil, surtout en Automne et au Printemps » …. quand chez vous, là-haut, il fait froid ! Éclat de rires.

Montpellier a une belle équipe cette année. Ils ont tout simplement hâte que le championnat commence.

William Commegrain lesfeminines.fr

30 Août 2015. Derby du Sud entre deux cousins. Nîmes-Montpellier sous les caméras d’Eurosport.