Avec le Losc et Bordeaux, les choses ont pris une autre dimension. 

J’ai passé la journée d’hier à discuter et à échanger dans le milieu sur cette nouvelle tendance « les clubs professionnels se rapprochant des clubs exclusivement féminins ». Il est clair que cela présente toutes les conditions d’un tsunami dans ce domaine sportif où les acteurs se préparent pour l’échéance 2019, avec une France qui organisera la Coupe du Monde.

La folie américaine pour fêter le titre mondial attendu depuis 15 ans, et ce malgré quatre médailles d’Or olympique.
C’est un vrai pari de réussite car le football féminin, en France, va évoluer dans la direction de la professionnalisation. C’est obligatoire et inéluctable.

Il reste qu’il y a plein de chantiers à construire pour que l’édifice ne tombe pas et l’économie de ce sport, grand prédateur d’argent, ne sera jamais celui du football masculin ou dans un temps très éloigné, de telle manière que l’éventualité que cela se produise, si elle ne doit pas être remise en question, n’a pas d’intérêt immédiat ; mais à l’inverse, il représente une image médiatique de bien meilleure valeur que le football masculin.

On le voit, aux États-Unis, la victoire américaine a été fêté de manière extraordinaire comme nul autre sport féminin n’aurait pu le connaître. C’est tout simplement incroyable et dans le cœur de chaque américain et américaine, il y a le mot « Women soccer » inscrit en Or.

Venir au football féminin, c’est partager une émotion.

Cette réalité en appelle d’autres. Les dire n’est pas la condamner. C’est l’encadrer pour que les partenaires viennent en établissant des objectifs qui fassent partie de la réalité. Les matches de championnat américains ont réuni 6000 personnes. Stades pleins. C’est bien loin des stades de Ligue 1, juste dans la moyenne générale des stades de Ligue 2, hors Lens.

Le football féminin offre de l’émotion. La finale de la Coupe du monde a réuni plus de monde aux USA que la finale NBA de Basket.
A l’inverse, en terme d’émotions, la finale de la Coupe du Monde entre les Etats-Unis et le Japon a réuni plus de monde aux USA que la finale de NBA de Basket. C’est dire, même si cette finale  a été exceptionnelle en terme d’exploits : 5-2, avec un 3-0 en 16′ et un triplé de Carli Lloyd dont un but de 50 mètres venu d’ailleurs.

Le football féminin est un terrain de passion et d’émotions. Il sera au niveau masculin bien plus tard et pour qu’il le soit, il faudra beaucoup plus d’élites, de joueuses capables de faire un championnat homogène.

Venir au football féminin, c’est performer.

Les joueuses devront performer pour jouer car la concurrence va arriver
Dans peu de temps, d’autres clubs vont « fusionner » avec des clubs exclusivement féminins. Tous mes contacts téléphoniques m’ont confirmé dans cette réalité. Il faudra être ferme dans la négociation sur la partie « performance ». Un maillot pour un maillot ne sert à rien. C’est dans l’intérêt des joueuses car performer, c’est se maintenir et ce sera se mettre dans les conditions d’une rémunération, c’est à dire : « vivre du football ».

On ne vit pas actuellement du football féminin (sauf celles connues et reconnues). On est indemnisé mais il y a une vérité qui va s’instaurer : Demain, la moitié et plus (150 joueuses) en vivront, entre 2.000 et 25.000 € mensuel pour le Top 5 en France, au niveau du National en France avec des pointes de salaires de Ligue 2 pour les meilleures féminines françaises, actuellement dans le Top 5 à 20 mondial.

Rapidement, dans cinq ans si la France a une médaille d’argent ou d’Or pour chaque compétition à venir : JO2016, Euro 2017 et Coupe du Monde et que l’Ol ou le PSG gagnent en LDC avec un troisième candidat sur la scène européenne. C’est intrinsèquement possible. Dix ans ou un peu plus, sinon.

Les clubs profs y trouveront leur compte. Le public féminin est un public de consommateurs.

Mais il reste que c’est sur le carré vert que la performance se fait et dans ce domaine, les investisseurs veulent bien perdre s’ils pensent avoir de bonnes raisons de gagner. Que ce soit pour les clubs professionnels comme pour les partenaires. C’est parce qu’il y aura du travail pour « performer » que les investisseurs lâcheront de la rémunération.

L’investissement doit être important pour performer l’effectif féminin. Faire l’un sans l’autre est une erreur. D’abord, cela ne donnera rien. Ensuite, les autres équipes créeront un tel « gap » que l’équipe sera condamnée la saison suivante et disparaitra.

Voyez l’exemple du PSG, et ce qu’a donné l’exigence du mot « performer » pour Jessica Houara, Laure Boulleau, Sabrina Delannoy. « Que du bonheur », disent-elles.

Mais elle ne sont pas si nombreuses à avoir été capables d’une telle performance et à faire face à la concurrence internationale au sein du PSG. Rien que cela c’est une performance.

Le maître mot de tout cela, bien plus présent chez les féminines que chez les hommes : « Comment faire pour m’améliorer ? ».

Le football féminin va être plus durs pour les joueuses : il faudra avoir du talent et surtout performer.

Cette saison va être d’un très haut niveau en D2 mais risque d’être encore plus dure en D1. La descente en D2 entraînera une très difficile remontée en D1. Les prétendants de D2 vont être trop nombreux. En plus avec des moyens.

Cela sera difficile et long pour monter de D2 en D1.
Un seul par groupe montera, saison par saison quand un autre de D1 descendra pour remonter. Une montée par saison, c’est très peu et un challenge difficile à réussir quand les groupes de D2 vont se resserrer.

« Clubs de D1 féminin, ne vous bradez pas ». C’est ainsi que j’interviendrais si j’avais à conseiller un club dans cette démarche. Il faudra du temps pour que les clubs de D2, même sous les ailes d’un club professionnel, montent.

Aujourd’hui, il y a un vrai enjeu de compétiteur au niveau de la Direction d’un club. C’est très risqué et donc très excitant. Un vrai challenge de performance à réussir. Voilà quelque chose enfin d’intéressant.

Surtout avec une Coupe du Monde en 2019 à la maison.

Au final que la D1 fasse vivre les joueuses et non pas « des joueuses » du football, c’est possible. Il va falloir que les joueuses du cœur de championnat travaillent encore plus pour progresser et créer un championnat très homogène. Avant, c’était pour leur plaisir. Aujourd’hui, c’est pour leur avenir.

William Commegrain lesfeminines.fr

Ces gamines se souviendront toujours de ce moment là. Lesfeminines.fr

Ces gamines se souviendront toujours de ce moment là. Lesfeminines.fr