En dehors de l’idée que l’on soit pour ou contre la réduction de la décision de la Ligue de football professionnel de trois descentes à deux, je me suis intéressé, en tant qu’accrédité de Ligue 2, à déterminer quel a été l’impact passé des clubs montants de Ligue 2 en Ligue 1 ?

Une Ligue 2 qui a un parfum prononcé de Ligue 1 (15 clubs) et qui sort au moins un club de Ligue 1

A chaque fois, un club au moins, montant de Ligue 2 est resté en Ligue 1 ce qui montre que la division d’élite a besoin d’une énergie régénératrice qui vient d’en bas, s’opposant à l’idée qui pourrait induire, que dans un temps plus ou moins court, la Ligue 1 pourrait être une division fermée. 

Si l’argument pourrait s’entendre dans un système de franchise économique équivalent à celui de la MLS américaine (Major League Américaine) ; sur le plan sportif, la Ligue 2 apporte un plus significatif , et il y a eu même deux  saisons (2002-2003 et 2013-2014) où les trois clubs montants de Ligue 2 se sont maintenus et on fait descendre trois clubs de Ligue 1 !

En effet, les clubs de Ligue 2 sont des clubs de Ligue 1 pour les 3/4 et sur les 20 clubs qui font partie du championnat, quinze ont connu le plus haut niveau dans les 10 dernières années : AC Ajaccio, Auxerre, Nancy, Niort, Dijon, Evian, Metz, Sochaux, Le Havre, Lens, Brest, Laval, Tours, Valenciennes, Nîmes. Le Paris Fc et le Red Star (2) plus loin dans le passé. Seuls, Clermont, Bourg en Bresse et Créteil (3) ne se sont jamais retrouvés au plus haut niveau.

Retirer à l’un d’entre eux le droit sportif de monter en Ligue 1, c’est le limiter dans son argument sportif et économique. Voyez la liste des clubs de Ligue 2 ci-dessus, et vous comprendrez que vous ne limitez pas un petit club qui a tout autant la capacité à évoluer en Ligue 1.

Et si, certains de Ligue 1 n’arrivent pas à assurer leur budget, c’est d’une part une situation économique normal au même titre que celle d’une autre entreprise, et si elle ne l’est pas, alors la solution semblerait plus être dans des droits TV plus onéreux (le marché anglais est de 7 milliards d’euros pour trois ans, quand celui francais est de 700 millions d’euros sur quatre ans).

Alors, pourquoi ne pas investir dans la captation et le scénario du spectacle de la Ligue 1 (Canal a bien inventé une première écriture) avec des hommes de l’écriture et du rêve qui construisent un produit TV comme on fait un film ou une série plutôt que de fermer une Ligue face à des candidats homogènes entre les dernières places de la Ligue 1 et les premières de la Ligue 2.

Avec une telle différence de prix, il y a de la place pour proposer un produit international TV moins cher et mieux valorisé car scénarisé par des professionnels de la TV. Les droits TV sont vendus jusqu’en 2020 ? Un contrat est fait d’avenants ; si chacun y trouve son intérêt, les choses s’adaptent et bougent.

Innover dans la scénographie du produit est aussi une solution. A l’international, il y a des marchés à prendre.

Tableau des montées de Ligue 2 en Ligue 1 et descentes de Ligue 2 en Ligue 1. 

On le voit, en Ligue 2, les clubs montants connaissent des problèmes d’adaptations logiques : un club qui reste, un second club qui reste la première année ou seconde année et qui descend l’année suivante, et un troisième club qui descend l’année de sa montée.

Sportivement, la situation est claire et normale.

Économiquement, la descente pose un problème à un club et c’est ce vers quoi le projet de la Ligue veut intervenir .. mais il ne faut pas oublier que les trois clubs qui montent en Ligue 1 viennent au plus haut niveau avec des moyens. L’Un remplace l’Autre.

On est donc dans une innovation destructrice chère à Schumpeter ; principe qui est au cœur de la politique économique de tous les pays développés. Quand l’un part, un autre arrive. A chacun de s’adapter.

C’est assez surprenant que la LFP, basée sur un modèle économique de concurrence, veuille se retirer l’essence même de ce qu’elle est : un système concurrentiel ouvert au plus grand nombre avec un grand slogan « Yes, we can ».

Voyez le tableau ci-après et regardez que les clubs bougent.

Aide à la lecture : Pour la saison 2002-2003, les trois clubs montants de Ligue 2 sont restés en Ligue 1 et ont donc fait descendre trois clubs de Ligue 1 (Guingamp, Le Mans, Montpellier Hsc).

Pour la saison 2003-2004, Toulouse est resté en Ligue 1. Le FC Metz est resté aussi mais est redescendu en 2005-2006. Le Mans est monté mais est redescendu à la fin de la saison.

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Tableau des descentes et des montées en Ligue 1. Crédit les féminines.fr

Tableau des descentes et des montées en Ligue 1. Crédit les féminines.fr

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Tableau des descentes en L2. Lesfeminines.fr

Tableau des descentes en L2. Lesfeminines.fr

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D’un autre côté, laisser croire pour autant que la Ligue 2 aurait le niveau de la Ligue 1 est une ineptie puisque à chaque fois, un club montant resdescend la saison suivante (couleur rouge), voir la seconde saison en Ligue 1 (couleur orange).

Alors, que valent réellement les clubs de Ligue 2 qui montent ?

25% des clubs actuels de Ligue 1, et pas des moindres, sont montés en tant que 3ème de Ligue 2. 

On le voit avec ce graphique que le Championnat est un championnat qui est bien régénéré par le système de « montée – descentes » à trois unités avec 9 équipes qui ont moins de 5 saisons de suite en Ligue 1 au compteur, après une descente en Ligue 2. Et on ne parle pas nécessairement de petites équipes avec Angers, Caen, Guingamp, Monaco, Nantes, Reims, Troyes à l’exception du tout nouveau Gazelec d’Ajaccio.

N’oubliez pas qu’un club de Ligue 2 est un ancien club de Ligue 1.

En rouge, les clubs actuels de Ligue 1 ayant accédé à la division suprême avec une 3ème place de Ligue . Crédit lesfeminines.fr

En rouge, les clubs actuels de Ligue 1 ayant accédé à la division suprême avec une 3ème place de Ligue . Crédit lesfeminines.fr

 

Et dans ces vingt équipes qui forment le championnat de Ligue 1 de la saison 2015-2016, on trouve 5 équipes qui ont pu en bénéficier au titre de la troisième place, soit Angers, Caen, Lorient, Nantes, et Nice.

Si on peut comprendre le raisonnement de la Ligue à travers une forme de sécurisation des investisseurs de Ligue 1 pour un projet sur plusieurs années ; on ne peut aussi que donner du crédit à la position de Noël le Graet et je me permets de poser la question suivante : la sécurisation d’un club A n’est-il pas l’insécurisation d’un club B qui va voir ses partenaires L1 partir vers d’autres projets ?

Vraiment cette troisième place de Ligue 2 ne vaut pas rien. Elle concerne d’anciens clubs de Ligue 1. Bizarre qu’il y ait eu une majorité de L1 et L2 pour cette réforme.

A la réflexion, je me demande si la vérité n’est pas dans le spectacle à réécrire et à innover en terme de production TV comme dans son prix, plutôt que dans les montées et les descentes.

William Commegrain lesfeminines.fr