Des championnats européens hétérogènes comme tous les championnats féminins. 

Le sport féminin n’est pas assez étendu pour constituer, dans un sport collectif (nombreuses joueuses), une élite féminine à douze clubs homogène. A l’opposé des clubs masculins qui possèdent une élite mais aussi une antériorité conséquente, voire même trop de joueurs, obligés à aller jouer à des niveaux inférieurs à leur formation (Nationale, CFA) ; les joueuses de l’élite féminine ne sont pas si nombreuses sur le plan européen comme français pour créer un championnat homogène.

C’est certainement la raison pour laquelle certains championnats sont dits « fermés ». C’est à dire qu’il n’y a ni descente, ni montée. C’est le cas du Championnat anglais en Europe (8 clubs) et c’est ainsi que fonctionnent les franchises américaines (neuf clubs).  Comme il n’y a pas de « suspense », les joueuses jouent dans tel club ou un autre, ce qui fait qu’aux États-unis, chaque club a au moins une internationale, payée par la Fédération (c’est le cas pour les USA, le Canada et le Mexique).

L’élite est alors partagée (modèle américain), ce qui n’est pas le cas dans les championnats ouverts.

Il n’y  a souvent que deux à quatre clubs pour disputer le titre.

En Suède, Rosengard domine le championnat (7è journée, -5 avec Linkoping) en s’appropriant les meilleures joueuses suédoises et de très bonnes joueuses étrangères (Marta) ; en Espagne, Barcelone avec une D1 la plus étoffée d’Europe (16 clubs), fait de même malgré l’opposition de l’Athlético de Madrid (-8) ; en Belgique, la bagarre a fait rage entre le Standard de Liège et Twente (-2) ; en Suisse, le FC Zurich (+ 15) domine face à Basel ; seul Verona en Italie, dans une poule à 14, a pris le dessus sur l’habituel Brescia (+1) et Torres (-22, 6è).

La France construit une concurrence

Reste la France qui pourrait voir se constituer, à l’échelle de quatre ans, un peloton à cinq (l’Olympique Lyonnais, le PSG, Juvisy, Montpellier, Guingamp) actuellement scindé en deux avec l’Ol (9 titres consécutifs, 2 finales de Ligue des Champions, 2 titres européens) et le PSG (3 places européennes consécutives, une finale de Ligue des Champions) en tête dans un premier peloton, puis les trois autres dans un second temps (Juvisy, Montpellier, Guingamp) avec l’arrivée surprise de Guingamp qui a des armes pour se maintenir et trouver sa place.

L’optique, sur du moyen terme, est de trouver un championnat proche de celui de la Bundesliga avec 5 équipes de têtes qui se battent jusqu’à la dernière journée pour avoir le titre comme une place européenne.

Pour aller vers le modèle allemand à moyen terme. 

Cette année, le titre est revenu au Bayern de Munich, au lieu et place de Wolfsburg qui avait été le nouveau roi (doublé 2013, 2014), se substituant à Frankfort terminant sur le fil troisième du championnat (en résurrection européenne avec le titre de la Ligue des Champions 2015) ; elles-mêmes ayant pris la suite de  Potsdam, quatrième, mais avec l’ambition d’aller plus haut.

Cette bagarre, le titre et les places européennes se sont jouées lors de la dernière journée (Titre au Bayern, seconde place européenne à Wolfsburg) qui a d’ailleurs peut-être été une des raisons du résultat de l’Allemagne en 2015 au Canada. Fatigué dès les quarts de finale face à la France, dixit Silvia Neid en conférence de presse. Ce qui n’enlève rien à la performance de la France, au contraire, maitrisant le contenu face au numéro 1 mondial alors que dans les mêmes conditions de championnat (fin le 9 -1 0 mai 2015).

Le constater n’est pas le condamner. C’est un fait, et au contraire, cela montre le besoin de travail du sport collectif féminin. Les lumières masculines ne sont pas pour tout de suite, loin s’en faut et la médiatisation télévisée est aujourd’hui plus partagée avec les nombreuses chaînes qui cherchent du contenu à diffuser compte tenu que « les exclusivités » (Rugby féminin, Volley, Hand) des unes limitent le champ d’action des autres.

On est donc appelé à voir beaucoup plus d’offres de sports féminins sur toutes les chaines. Cela va créer un partage, une réduction pour certains sports, en contrepartie d’un volume plus conséquent de sports féminins médiatisés.

L’enjeu se trouve sur l’augmentation de la pratique où tous les sports ont à gagner, et sur la performance (sportive et émotionnelle) où seuls certains sports féminins gagneront.

Il y a beaucoup à construire pour le football féminin et beaucoup à détruire aussi, notamment les espoirs et les émotions de tous les intervenants dans ce domaine. Aujourd’hui, c’est ce qui fait fonctionner le football féminin au niveau où il est actuellement.

Pour l’instant, c’est la passion qui forme l’économie de ce sport.

William Commegrain lesfeminines.fr