Quart de finale Coupe du Monde : France – Allemagne (1-1, 4 tab à 5). Dans les France-Allemagne de l’histoire, il y a toujours eu des joueuses allemandes qui ont fait basculer le match en faveur de la Nationalmannschaft. A la Casa Bleue, mon voisin de table après quelques boissons bien dégustées, se met à rappeler aux souvenirs de tous, 1982 avec Kark Heinz Rummenigge, dont la date était pourtant éloignée de celle de sa carte d’identité. Il me revenait en mémoire, plus récemment et dans le football féminin, le match de Strasbourg avec une remontée identique allemande, de 3-1 à 3-3, sous la poussée de Nadine Kessler (doublé), futur Ballon d’Or 2014 ; et là, au lendemain de cette défaite française, je ne vois que Nadine Angerer qui, sur le dernier tir, stoppe le tir cadré de la jeune Claire Lavogez, médaille de bronze des U20 en 2010 au Canada.

On peut le dire, Nadine Angerer (Ballon d’Or Fifa 2013) a fait se qualifier l’Allemagne, et ce n’est pas sa première performance puisqu’en finale de l’Euro 2013, elle avait arrêté deux penalties face à la Norvège pour que l’Allemagne remporte son huitième titre européen.

Une Allemagne dépassée dans le jeu.

Elodie Thomis a été tonitruante et il n’est pas faux de dire que 80% des mouvements offensifs français se sont passés à droite, avec l’expérimentée lyonnaise qui a fait vraiment mal à la jeune allemande Kemme, qui se demande encore comment, après une telle domination côté droit, l’Allemagne ait pu sortir vainqueur de ce duel entre le numéro 1 mondial et son numéro 3.

Les quinze premières minutes sont un non-sens au regard du tableau d’affichage (0-0) et l’empreinte française est telle que Louisa Necib est surprise de sa première occasion (1′), Majri (8′) de la même manière et Annike Krahn nous semble à des années lumières d’une charnière centrale qui tient son sujet.

Sauf qu’à la 15′, le sang des supporters français se glace quand Simone Laudher se libère côté droit pour trouver la tête de Célia Sasic, au-dessus des buts français.

Puisque les côtés ne suffisent pas, Elo part plein centre et trouve alors des opportunités de décalage à droite comme à gauche intéressantes mais la défense allemande commence à reprendre du poil de la bête et à moins subir le jeu dans sa surface.

Alors le danger français vient d’ailleurs et c’est Amandine Henry qui utilise son jeu long pour trouver la tête d’Eugénie Le Sommer (24′), puis c’est celle de Marie-Laure Delie qui est sollicitée (25′) puis Louisa Nécib (38′) et enfin Elodie Thomis (42′).

Soit les balles sortent du cadre, soit Nadine Angerer, maitresse de ce jeu défensif, est là. Imparable.

L’Allemagne se reprend sans être dangereuse en seconde mi-temps.

Malgré les différents changements allemands et notamment l’entrée de Marozsan dès la reprise, l’Allemagne tient mieux le jeu sans le tenir plus et le match s’équilibre avec des possibilités contrées des deux côtés, par une défense allemande de meilleure qualité face à une défense française qui a été, elle excellente.

La fatigue commence à se faire sentir et on a le sentiment que le match est parti pour des prolongations, compte tenu que le réel danger se passe sur des situations de coup de pieds arrêtés qui donnent l’espoir à chacun des deux camps (Marozsan 58′, Majri).

Il faudra une occasion qui n’en est pas une, ce qui est la meilleure des choses face à une telle gardienne, pour que la France trompe Nadine Angerer sur un tir de Louisa Necib, détourné qui finira au fond des buts malgré un plongeon de très grande qualité de la capitaine allemande. (64′, Louisa Necib, 1-0)

Ce but vaut de l’Or et la ferveur gagne la Casa Bleue qui brûle d’une flamme bien française avec les chants de la Marseillaise qui transpercent la capitale parisienne. Les cloches de Notre-Dame, si proches, nous semblant prêtes à carillonner.

Silvia Neid joue toutes ses cartes de remplacement sans que cela n’apportent quelque chose de significatif et l’affaire semble si prête d’être entendue que le Baryton Stéphane, avec sa voix de stentor fait trembler les murs du café canadien, hôte de la soirée française, allant jusqu’à transpercer les casques de la table d’Europe 1, qui recevait Sandrine Roux et Frédérique Jossinet aux commentaires et à la diffusion de la féminisation du football féminin français.

Quand, à la 84′, sur une attaque anodine, la balle « football » rencontre le bras d’Amel Majri pour que l’arbitre canadien désigne le point de pénalty. Intransigeante, quand tant de ses nombreuses confrères, ont été tolérantes.

Il reste que la règle est la règle et que Célia Sasic nous montre ce que signifiait dans les propos de Sandrine Bretigny, ne « pas avoir de pression » comme étant la qualité première des allemandes. Célia marque, sans état d’âme, ce but qui remet les deux équipes au stade de l’équité. (84′, 1-1, Sasic, pénalty).

Les français savent depuis longtemps que l’Allemagne n’est jamais battue et la prolongation ne donnera rien ni d’un côté comme de l’autre, les remplaçantes (117′, Thiney) ne pouvant en si peu de temps, se mettre dans l’exigence du jeu.

La partie se jouera aux tirs au but et les tirs français furent impeccablement tirés, en réponse à ceux allemands. La dernière tireuse française se mis au diapason du moment en cadrant son tir dans le coin, bien placé. Seulement, en face, la maitresse ANGERER avait tout vu de l’instant de la jeune et talentueuse Claire Lavogez et elle alla chercher ce ballon que nulle autre qu’elle aurait pu arrêter.

Nadine Angerer qualifie l’Allemagne pour les demi-finales de la Coupe du Monde. Elle arrêtera sa carrière après le Canada 2015, sans aller aux JO de Rio, en suivant quasiment Silvia Neid, sa coach. Il y a quelque chose de fort dans le football féminin et de filiale entre ces deux personnes.

C’est l’amitié et le respect qui socle des sportives entre elles. C’est grâce à cela que l’Allemagne a remporté cette victoire. Les deux allemandes nous l’ont montré. Elles sont l’image de l’Allemagne du football féminin, pas si forte mais très forte en compétition.

William Commegrain lesfeminines.fr