A trois jours d’un quart de finale de Coupe du Monde explosif face à l’Allemagne, le sélectionneur de l’équipe de France féminine Philippe Bergeroo estime mardi dans un entretien à l’AFP que son groupe a « le potentiel pour faire un coup ». Et pour gagner le Mondial? « Pourquoi pas ».

Vous êtes en quarts de finale du Mondial, comme attendu. Quel bilan faites-vous de cette première phase?
Le positif c’est la qualification. Vu notre statut, c’est normal mais en football il y a parfois des accidents. On est là, on est toujours vivant, alors que le Brésil est mort. On a eu un match compliqué contre la Colombie (défaite 2-0, ndlr) mais l’équipe a tout de suite rebondi.

Cette défaite vous a-t-elle fait douter?
Non. Je connais mon groupe et le football. Je sais que parfois vous ne pouvez pas gagner et qu’il n’y a pas d’explication. Après, face au Mexique, on savait qu’il allait y avoir quelque chose. Les filles étaient remontées.

Quelle est l’ambiance dans le groupe?
On commence la septième semaine ensemble et je suis satisfait de l’état d’esprit. Il y en a qui jouent beaucoup, d’autres moins, d’autres qui ne vont pas jouer du tout. Mais contre la Corée du Sud, au coup de sifflet final, les remplaçantes se précipitent toutes sur le terrain pour aller dans les bras des titulaires.

Un quart de finale contre l’Allemagne, c’est une superbe affiche…
On est pour la première fois outsider. Mais un outsider intéressant, on n’est pas du tout le petit. On va jouer notre chance à fond et je ne crois pas que la pression soit sur l’équipe de France.

Quelle valeur aurait un succès contre l’Allemagne?
Ce ne serait pas un exploit. Ca rentrerait dans la progression normale de cette équipe. On n’est pas les meilleures mais on s’est rapproché des meilleures.

La France peut gagner la Coupe du Monde. Pourquoi pas. Oui. Elles ont fait des quarts, des demies, .. Une médaille, ce serait justice pour elles.
Alors est-ce que la France peut gagner la Coupe du Monde?
Pourquoi pas. Oui. (rires) Je fais très attention à ce que je dis. Soit je suis trop orgueilleux, soit je manque d’ambition. Mais on a le potentiel pour faire un coup. On dit depuis le début que pour cette équipe qui n’a jamais gagné un titre, repartir avec une médaille ce serait extraordinaire. Elles ont fait des quarts, des demies, des quatrièmes places… Une médaille, ce serait justice pour elles.

Les premiers matchs ont aussi dégagé une équipe, dont Gaëtane Thiney ne fait plus partie. Comment avez-vous géré son cas?
Il n’y a pas de cas Gaëtane. Elle a joué les deux premiers matchs puis j’ai donné sa chance à Marie-Laure Delie qui a marqué deux buts. Il faut comprendre la concurrence. Gaëtane est quelqu’un de très correct et on aura encore besoin d’elle. Je fais jouer les meilleures du moment.

Et comment avez-vous réagi au moment d’agacement de Louisa Necib contre la Colombie?
C’est un agacement qui nous coûte un but. Je ne dis pas que le but est de sa faute parce que derrière on aurait pu rattraper le coup, mais à ce niveau-là on ne peut pas faire ça. Je l’ai faite rejouer parce que je suis quelqu’un qui pardonne et tend la main.

Son absence contre le Mexique est donc liée à cet incident?
Complètement.

Vous parlez souvent de préparer le Mondial-2019 en France. Est-ce compatible avec un enjeu aussi immédiat que ce quart de finale?
Dans ma sélection, il y a au moins 11 filles qui pourraient être encore là en 2019. Donc même si je n’y pense pas avant l’Allemagne, je sais que la préparation de l’avenir se fait. Elles voient comment ça se passe, elles apprennent. Elles vont être vite prêtes pour entrer dans cette équipe.

Q: Et vous, serez-vous encore là?

R: « En 2019? C’est très loin. »

Q: Alors en 2016 et 2017?

R: « On verra. Ce n’est pas moi qui décide. »

Q: Mais vous en auriez envie?

R: « Oui, bien sûr. »

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

AFP/FIFA