Normalement la question n’aurait pas lieu de se poser compte tenu de la différence au classement FIFA entre les deux équipes ; la France est 3ème mondial, la Corée du Sud 18ème. En football féminin, c’est assez loin et les contre performances sont assez rares chez les féminines, encore plus quand il s’agit de la France.

En effet, les faits sont là, l’équipe de France n’a jamais perdu contre moins bien classée qu’elle depuis l’Euro 2013, face au Danemark (21 juillet), repêché miraculeusement par le jeu du tirage au sort face à la Russie. Les seules défaites sont face aux USA. Une fois aux États-Unis en Juin 2014, l’autre fois en finale du Tournoi de l’Algarve (mars 2015).

Nombreuses ont été les fois dans les matches amicaux où les postes étaient prises par l’une ou par l’autre. Le jeu de la compétition ne concernait que celui des 23 places et la concurrence ne permettait pas une réelle compétition compte tenu que le parcours étant fait de victoires, les raisons de changement étaient plus théoriques que justifiées par les obligations de résultats.

La victoire était là quelque soit les joueuses.

France-Colombie est passé par là (28è FIFA, compétition) avec sa défaite 0-2 auquel on associait les derniers matches de l’équipe de France, moins probant plus la compétition arrivait.

Le jeu de l’élimination directe change la donne. 

Nous sommes dans un autre environnement et le couperet est certain de tomber à la fin de la rencontre pour l’une des deux équipes. C’est très différent comme conception, comme ressenti et comme obligation. Le staff de l’équipe de France ne peut qu’être en alerte, même si la victoire face au Mexique, amplement méritée, a fait évacuer les doutes (5-0).

La compétition demande interrogation et le changement de joueuses lors de cette dernière victoire oblige à la réflexion.

Les partisans du « on ne change pas une équipe qui gagne. »

Ne peuvent qu’avoir raison puisque la victoire passée est le signe de leur vérité qui s’impose à tous. C’est pourquoi l’essentiel des coaches reconduisent une équipe qui gagne. Ils ont l’essentiel des arguments à produire : la raison. Et en cas de défaillances, l’essentiel des justifications.

L’enjeu pour la France est tel, avec l’organisation en 2019 de la Coupe du Monde de football féminin, que la qualification aux JO de Rio s’impose pour continuer cette dynamique. La France ne peut pas se permettre de perdre, il faut donc se demander si, les titulaires laissées sur le banc lors de la dernière rencontre (Gaetane Thiney et Louisa Necib) doivent rentrer et apporter une performance supplémentaire à l’équipe de France qui la fasse gagner cette rencontre et postuler favorablement aux suivantes.

L’équipe a marqué 5 buts, plus que dans les cinq dernières rencontres (France-Canada 1-0 ; France-Russie 2-1 ; France-Ecosse 1-0 ; France Angleterre 1-0 ; France – Colombie 0-2).

La décision s’impose. On ne change pas.

Les partisans du « on ne peut pas gagner contre l’Allemagne sans Gaetane Thiney et Louisa Necib »

C’est la raison de l’interrogation. L’équipe de France peut-elle gagner sans elles le numéro 1 mondial ? Cela ne s’est jamais fait (victoire en Allemagne avec les deux joueuses, victoire à Lorient avec les deux joueuses), même si Louisa Necib n’a pas participé au Tournoi de l’Algarve, finale perdue 0-2 face aux USA. 

L’une a la compétition dans le sang, meilleure buteuse, meilleure joueuse UNFP et FFF en 2014 ; et l’autre, nominée dans les 10 meilleures joueuses FIFA 2015 possède une vista et un sens du dribble et de la passe que peu de joueuses ont dans sa génération et qu’on commence à trouver chez les jeunes féminines, pas loin d’avoir essayé de copier ce qui se faisait parfaitement.

Si elles ne jouent pas ce soir en tant que titulaires, pourrait-on sortir au tour suivant deux autres joueuses de l’équipe ? Alors que, si la rencontre se fait, cela signifie que les joueuses sur le terrain ont rempli leur mission en gagnant face à la Corée. Et plutôt bien, car la rencontre sera difficile et acharnée. Nous ne sommes pas l’Allemagne et les USA. des susceptibilités peuvent surgir et la compétition n’en est qu’au quart.

Si la réponse est affirmative, alors autant reconduire l’équipe victorieuse face au Mexique (5-0) qui a les arguments pour s’imposer face à la Corée du Sud, tout en gardant la possibilité de faire rentrer les joueuses nécessaires pour bousculer la rencontre (en général 30 de jeu). Si la réponse est négative, alors proposer une équipe face à la Corée du Sud, c’est déjà penser à l’équilibre de la prochaine équipe de France face à l’Allemagne.

Toute la question est là. Comment équilibrer le jeu français alors que nous connaissons peu de la Corée (nos besoins) et que nous savons tout de ce que nous aurons besoin face à l’Allemagne, en cas de qualification en quart. 

Reste le dernier point à examiner, l’Allemagne est loin. Restons sur la Corée du Sud.

Gaetane Thiney et Louisa Necib nous empêcheront-elles de vaincre la Corée du Sud ? Si certains pensent « oui » ce qui parait impossible en étant objectif, alors il ne faut pas les faire rentrer. Si certains pensent « non », alors il faut les faire rentrer car je ne vois pas la France vaincre l’Allemagne sans ces deux joueuses et sans leur donner du jeu dans la victoire face à la Corée du Sud qui est essentiel pour leur confiance et l’apport qu’elles peuvent donner à cette équipe.

Ce sont deux grandes compétitrices. D’expérience. Essentiel face à l’Allemagne. Très grande nation. Il faudra qu’elles façonnent la trajectoire de l’équipe de France pour se sublimer. Il est très difficile pour une remplaçante de devenir essentiel dans un match important si elle ne s’est pas senti propriétaire de la victoire ou des victoires passées.

L’Allemagne dans son match couperet a remis son onze titulaire. La Chine dans son match couperet a remis son onze titulaire. Tous les cas ont été examinés. Au sélectionneur de choisir. La France est à la croisée des chemins. Trop de talents. Pas simple.

Quoi qu’il en soit, les choix nous apprendront à mieux connaître cette équipe de France dans le cadre de la compétition. Est-elle au niveau des deux premières mondiales et peu importe qui joue, c’est un groupe de valeur homogène qui porte le maillot Bleu. Ce serait la meilleure des réponses.

On l’a vu avec la Suède facilement éliminée en 1/8è par l’Allemagne. Au niveau du 5ème mondial et au-delà, dans le cadre des compétitions, les changements posent des problèmes. Les joueuses n’ont pas un apport homogène.

William Commegrain lesfeminines.fr

Equipe probable : Bouhaddi – Houara, Georges, Renard, Majri – Abily, Henry, Thiney – Thomis, Delie, Le Sommer.