Le grand jour est arrivé pour le Paris Saint Germain Féminines.

C’est un peu comme pour un mariage. Avec une Coupe. Là, deux équipes se présentent, l’une se mariera un peu plus en cas de victoire avec l’Europe (double tenant, en course pour un triplé du côté de Wolfsburg) ; l’autre démarrera une vie commune avec plein d’ambition et de rêves. (Paris Saint Germain, troisième apparition, meilleure performance actuelle).

Les deux équipes ont des choses à oublier et des confirmations à aller chercher pour cette demi-finale très serrée.
Wolfsburg recevra pour oublier qu’on ne joue pas avec sa chance trop souvent après s’être qualifié sur un 3-3 en Suède alors que les louves n’avaient pas réussi à faire la différence face à la défense de Rosengard à domicile (1-1)  tout en étant menées ; en se rappelant, aussi, que la finale européenne 2014 a été gagnée après avoir été mené (2-0) pour finir par un 2-3 pour le tenant 2013 qui avait obtenu le titre sur sa première apparition. Que celle de 2013 avait été remportée sur un pénalty discutable face à Lyon (0-1). On ne peut pas avoir tout le temps la chance. Jamais deux sans trois diront les optimistes. Le proverbe vaut, rarement quand il est lié à la chance. Cependant, est-ce le cas ou un trait de caractère ? Une capacité à renverser les situations.

De son côté, Paris viendra se tester une seconde fois face aux plus grands européens après l’expérience de la saison dernière et l’opposition de Tyresö (Suède et future finaliste) en 32è de finale de la saison 2013-2014 où le PSG, nouvel européen n’avait pu marquer à Charlety (0-0) et prendre l’avantage malgré un but marqué à l’extérieur (2-1) en Suède et après avoir mené.

Wolfsburg recevra pour que le match retour n’ait pas de conséquences sur la qualification. Paris Saint Germain viendra pour que le match ne se retourne jamais plus.

Le Paris Saint Germain a pris une autre dimension

L’histoire 2013 est loin maintenant et les féminines du PSG, en une saison, ont pris une autre dimension et d’autres certitudes. Une autre dimension en gagnant, pour la première fois face à l’Ol le 18 Janvier 2014 et une défaite lyonnaise tellement rare qu’elle a même été entendu au Japon ; Paris a pris une autre dimension en renouvelant sa qualification européenne devant Juvisy à la dernière seconde du match (2-2) ; en éliminant l’Olympique lyonnais en novembre 2014 de la Coupe d’Europe, au stade des huitièmes (1-1 et 0-1 à Lyon) ; en confirmant pour la troisième fois sa qualification européenne dans le championnat de France.

Battre Lyon deux fois est sans contexte la preuve d’une autre dimension sportive.

Le Paris Saint Germain a pris des certitudes.

Le Paris Saint Germain a pris des certitudes avec lesquelles il est allé convaincre, car les grands joueurs comme les grandes joueuses doivent être convaincues d’un projet et des moyens apportés à sa réussite pour y adhérer, en faisant signer Caroline Seger (capitaine de la Suède, pièce maitresse de Tyresö), Joséphine Henning (internationale, titulaire lors du doublé gagné par Wolfsburg, son équipe), Fatmire Alushi (internationale, titulaire dans l’équipe de Franckurt, l’autre demi-finaliste) des joueuses qui ont été convaincues.

Paris Saint Germain a évolué considérablement depuis la saison dernière. De manière croissante, octroyant aux joueuses des certitudes accompagnées de faits.
Le Paris Saint Germain a pris des certitudes en ayant des joueuses françaises devenues affiliées à l’équipe de France quand auparavant, elles n’en avaient que goûtées ponctuellement. Des certitudes qui se sont renforcées par les performances françaises lors des matchs amicaux (victoire sur les USA, le Japon, l’Allemagne) qui lui ont fait passer à la troisième place mondiale.

Des certitudes avec un groupe hiérarchisé en terme d’âge, d’expériences, de capes internationales et de vécus européens. Une défense de fer. Un puzzle de nationalités qui se construit leur histoire. Une histoire parisienne.

Mais Wolfsburg est un loup. En Europe, les loups sont craints. A juste raison. 

Wolfsburg a l’ambition carnassière. A tout moment, on pense que les « louves » vont lâcher prises et c’est exactement à ce moment qu’elles bondissent pour encore plus se défendre, pour récupérer ce bien, ce titre qui leur échappe, et à la dernière seconde, dans le « money time », faire la différence.

Wolfsburg gagne ses qualifications aux détails, à la dernière minute, au dernier geste, à l’inattendu. Une capacité à retourner la situation.
Alexandra Popp a fait gagner le titre national à Wolfsburg à la dernière seconde du championnat quand Frankfurt, son opposant, le voyait déjà dans son escarcelle. Nadine Kessler, en 2014, a fait renverser la finale européenne face à Tyresö quand ces dernières, obligées de gagner sinon contraintes à la faillite économique, se sont faites remontées et ont perdu ce match en ayant pourtant, la déesse « Marta » dans leur rang, auteure d’une superbe partie.

Les louves de Wolfsburg portent bien leur « nickname ». Pour un titre, elles ne lâchent rien. Le Monde commence à les connaître puisque Ralf Kellermann a été élu meilleur coach FIFA avec Nadine Kessler, meilleure joueuse FIFA 2014.

Wolfsburg ne lâchera rien. Même avec ses blessées. Un détail.

Maîtres tacticiens vont s’opposer. 

Inutile de demander à Farid Benstiti s’il dort souvent et profondément ces temps-ci. Cela ne sert à rien. Que ce soit le cas ou non, il est certain que l’ensemble de sa concentration va sur ce match et sur l’analyse de l’équipe allemande. Toute la panoplie statistique va y passer et puis, ensuite, il va y avoir l’intuition. Quelque chose qui vient d’ailleurs, d’autre part. Alors, il décidera, qui fera, qui ne fera pas. Comment il fera.

L’enjeu tactique sera fondamental. Dans quelle direction faire jouer les ressources de chaque équipe pour obtenir un résultat favorable, face à une excellente équipe, en deux fois 95′. Pas si facile comme équation.
Il pourra compter sur une armée extrêmement bien organisé, alignée, comme un convoi naval. Parfaitement mise en place, prête à aller au combat, en utilisant l’intégralité de ses armes. Aucun doute là-dessus.

Wolfsburg est dans une autre conception. Un cran différent. Le website allemand a laissé paraître une information qui m’a semblé unique dans le milieu du football féminin. Ralf Kellerman attendait de ses joueuses, sur une rencontre : « qu’elles voient le problème du match et qu’elles trouvent, sur le moment, la solution ».

L’un est dans la vision, l’autre dans la délégation.

Les deux coaching ont leurs avantages et leurs inconvénients. Le premier peut renverser, au forceps, l’adversaire en appliquant à la ligne, la perfection d’une stratégie mais a pour inconvénient qu’elle ne peut être améliorée qu’à la mi-temps. Quelques fois bien trop tard. La seconde, donne de l’autonomie a des joueuses qui vont trouver le vrai problème, celui du terrain pour le prendre en charge avec assez de qualités pour le régler mais à l’inverse l’autonomie laissée peut entraîner de mauvais choix et alors, elles peuvent être punies immédiatement et irrémédiablement.

Les deux systèmes seront dépendants de la seule force qui existent : les joueuses.

Là, aucune différence. Les choses sont acquises, les deux équipes se valent. L’un a un fort potentiel, c’est le Paris Saint Germain qui est craint par ses investissements en compétences comme l’a été Wolfsburg, arrivé en 2013 ; l’autre a une forte histoire, même si elle est récente, c’est Wolfsburg.

On dit qu’il y a quatre forces à développer pour les sportives de haut niveau : le physique, le technique, le tactique et le mental. Les joueuses devront posséder les quatre, car un fil sépare les deux équipes. Ce fil, il faudra le casser pour gagner.

Les joueuses ne devront pas jouer pour l’Histoire du Club. Une première finale pour le Paris Saint Germain ; un triplé consécutif potentiel pour Wolfsburg. Cela, c’est pour après.

Les joueuses décideront du résultat. Non pas pour le club, mais pour Elles-mêmes. Elles devront être meilleures que l’adversaire. Comme au tennis. Dans les sports individuels. Sur un match, en deux fois.
Les joueuses devront jouer pour Elles. Uniquement pour Elles. Ensemble, avec leurs défauts et leurs qualités, avec une telle abnégation qu’elles gommeront pour un soir, leurs défauts pour mettre en valeur leurs qualités, comme on le fait quand on va au bal des « Red Carpets » qui fleurissent les médias et stars d’un soir.

Ce Samedi soir, il y aura des Stars. Ce seront Elles, et elles seront sur le plus beau des « Red Carpet » du Monde : celui de l’Europe. Dans le football féminin, pour un club, être Champion d’Europe, c’est pas loin d’être Champion du Monde.

Lyon l’a fait en battant les allemands deux fois en finale européenne (Potsdam 2011 et Frankfurt 2012), pourquoi pas le Paris Saint Germain ?

Wolfsburg a récupéré le titre en Allemagne en gagnant en finale face à l’Olympique Lyonnais en 2013 puis en 2014, alors pourquoi pas Wolfsburg ?

Un fil les sépare. Qui le cassera ? Pour une finale, et mieux se rendre compte de la valeur des deux championnats. Que vaut le second français face au premier d’Allemagne ? Pas évident comme réponse.

Réponse sur deux matches. Le premier, Samedi 18 avril à 18 heures. AOK Stadium (5400 places).

William Commegrain lesfeminines.fr

Retransmission sur Eurosport 2, samedi 18 avril, 18h00.

Les joueuses convoquées :

ALUSHI Fatmire
ASLLANI Kosovare
BENAMEUR Karima
BERGER Ann-Katrin
BOULLEAU Laure
BRESONIK Linda
CRUZ Shirley
DALI Kenza
DELANNOY Sabrina
DELIE Marie-Laure
GAMA Sara
GEORGES Laura
HAMRAOUI Kheira
HENNING Josephine
HOUARA-D’HOMMEAUX Jessica
KACI Aurélie
KIEDRZYNEK Katarzyna
KRAHN Annike
MORRONI Perle
SARR Ouleye
SEGER Caroline

Les joueuses absentes

DECLERCQ Léa
HORAN Lindsey
KARCHOUNI Ghoutia