Deux forces européennes du football mixte se rencontrent. Deux forces d’éléphants potentiels. Dans le milieu du sport, les marques sont des incontournables. Elles deviennent, au plus fort de leurs identités, des religions de vie. La Power force. Celle qui donne à celui qui y adhère, le sentiment d’Avoir et d’Être, au delà de ce qu’il pourrait être.

Si les produits des équipementiers (baskets, maillots) sont devenus des « Power force » de bonheur acquises pour bien plus que leurs utilités, les clubs de football sont tout autant devenus des liens de personnalités qui la renforce, la développe, et donne à deux inconnu-e-s le sentiment profond d’être d’une même famille de cœur.

Wolfsburg – Paris Saint Germain. Une marque peut n’être qu’un mot. Elle peut aussi être un Monde.

Rare sont cependant les clubs qui réussissent à être performants aussi bien auprès du football masculin que celui féminin. Sur le plan masculin, le Paris Saint Germain est plus en avance avec un parcours européen plus consistant (titres, qualifications nombreuses au-delà des quarts de finale européennes) que celui de Wolfsburg (une seule qualification en 2009, actuellement deuxième de Bundesliga) ; alors que sur le plan féminin qui nous intéresse, c’est le contraire avec le VFL Wolfsburg, récemment titré en Ligue des Champions (2013 & 2014) et tenant de la WCL quand le Paris Saint Germain commence juste à se construire une Histoire.

Le même projet, la même ambition, à peu près au même moment. Les deux clubs ont cette histoire commune
Pour autant la volonté d’être « un éléphant européen » est récente des deux côtés puisque les deux clubs sortent de l’anonymat de leur championnat sur une stratégie qui a vu le jour en 2009 pour Wolfsburg et en 2011 pour le Paris Saint Germain.

Cette demi-finale fait s’opposer deux identités qui sont donc dans la même dimension de communication et de performance. A cet égard, Wolfsburg et le Paris Saint Germain ont  deux Univers d’identité que l’on ne retrouve pas à un tel niveau dans le football masculin et féminin.

Wolfsburg s’est fait un nom dans le football féminin et commence à s’en créer un dans l’univers masculin ; Paris Saint Germain s’est fait une identité dans le football masculin et commence à s’en créer un dans le monde féminin.

Seul l’Olympique Lyonnais a réussi à obtenir la même identité mixte en Europe et peut-être dans le monde ; et on peut compléter en précisant que Montpellier a eu la même intention.

Les clubs sont gérés par des pouvoirs.

Arrivés à un tel niveau signifie qu’à la barre se trouve des gens de pouvoir. Non pas dans le sens d’une force qui s’oppose à une autre, mais dans celui d’une compétence rare qui se matérialise par un tel niveau de performances et de réussite. C’est plus qu’un signe, une indication.

Les gens de pouvoir savent choisir les compétences. Il n’y a aucun doute qu’il y aura beaucoup de compétences sur le carré vert de l’AOK Stadium de Wolfsburg (30.000 places) comme sur celui de Charlety (20.000 places).

Et une confirmation que la demi-finale sera d’un très haut niveau, comme a pu l’être le match de Tyresö (Sué) en finale de la Ligue des Champions face à Wolfsburg (Ger), qui l’a emporté 4-3 après avoir été mené 0-2.

Les investisseurs des deux clubs sont très présents financièrement. 

Si tout le monde connaît la force des qataris exprimés au sein du Paris Saint Germain avec un budget d’environ 450 millions d’euros ; peu savent que Wolfsburg est associé à l’usine Volskwagen, grand pourvoyeur de cette région industrielle, un peu comme l’a été Peugeot avec le FC Sochaux, mais avec des ambitions et moyens bien plus conséquents. Le constructeur automobile local se réveille en ayant des velléités d’identités bien marquées dans un univers très concurrentiel qui condamne tout constructeur mis à la traîne. Ce sera la chance de Wolfsburg.

Volkswagen d’un côté ; QSI de l’autre. Les deux clubs sont adossés à deux grosses structures.
C’est en 2009 que le VFL Wolfsburg s’empare du mot football (avec le titre allemand) pour le conjuguer avec le mot performance alors que l’ancien numéro 10 de la Mannschaft qui avait tout d’un Maradona européen, Félix Magath, est débarqué après quatre années décousues de coaching, pour une dernière place trop longtemps, propriété du club. C’est l’ancien marseillais Klaus Allofs (87-89) qui est pris comme manager, considéré comme l’un des meilleurs managers de Bundesliga, et le club prend une dimension tout autre. Les moyens semblent être sans limite et Wolfsburg sort de sa torpeur industrielle pour avoir le second budget de la Bundesliga, derrière le Bayern de Munich.

De son côté, le PSG a changé de dimension en 2011 avec le rachat par QSI des parts de Colony Capital et une nouvelle ambition pour le club de la capitale, basée sur un autre domaine d’activité stratégique, qui n’a pas de limite dès lors qu’il entre dans le cœur des gens : la marque et sa valeur. Les investissements n’ont que cette finalité et pour l’instant les moteurs parisiens sont « au vert »,  (couleurs du club allemand) avec un Parc souvent pleins et une identité mondiale qui n’est pas loin de taper à la porte des marchés asiatiques, pourtant pas assez matures. Paris, ville des amoureux du Monde entier s’est offert un amour inattendu qatari qui, comme tous les amours décalés, se montre à tous avec la plénitude de la réussite imaginée et vécue : le bonheur à vivre et partager.

Une histoire récente commune. 

On est loin des Barcelone et Real de Madrid, Liverpool et Manchester City, qui ont une histoire trentenaire alors que ces deux clubs sont en pleine phase de croissance et ont exactement le même objectif : exister nationalement et internationalement pour donner de la valeur, de la vérité à la marque, ce qui la rendra légitime, alors pour longtemps.

Dans le sport c’est bien plus difficile que sur un marché traditionnel. Il faut être le meilleur alors que sur un marché traditionnel, il faut juste être innovant ; 15′ minute avant les autres, le besoin faisant le reste.

Dans le sport, le temps du match et de la performance est très court, et se situe à la pointe d’une pyramide très difficile à construire où la base est essentielle. L’entreprise est elle, plus solide comme moins dépendante d’une performance extrême ; elle ressemble plus à la forme d’un trapèze.

Enfin, les deux sont soumis aux jugements des autres (clients, supporters comme adversaires). La critique est un outil d’expression dans le milieu du football alors que l’utilisation est l’outil d’expression des clients. Dans le sport, le jugement intervient toutes les semaines, les médias sont versés dans cette matière, les commentaires sont bien plus nombreux après les matches que pendant les matches, l’impact médiatique est important quand pour l’entreprise, le produit ou le service usiné est lui, souvent, au niveau minimum comme maximum de son utilisation. Rarement sous le feu des commentaires.

Les deux univers sont très différents. Faire une performance de marque dans le sport. C’est difficile. C’est exceptionnel. C’est pourquoi cela interpelle des industriels.

Deux forces européennes se rencontrent. Des forces d’éléphants. 

Ce samedi, en Allemagne, dans le football féminin ainsi que dans celui mixte, se jouera autre chose qu’une demi-finale de Ligue des Champions. Paris a des armes à faire valoir. Il possède les compétences pour poser un vrai problème aux allemandes, favori.

Tout est possible. Les joueuses joueront. Elles ne seront pas seules dans ce jeu. D’autres observeront. Pour une seule finalité : gagner et se qualifier.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • 2015 : Wolfsburg : 1er en bundesliga féminine ; 2ème en bundesliga masculine.
  • 2015 : Paris Saint Germain : 2ème en D1 féminine ; 1er en Ligue 1 masculine.