Ce fût un combat.

Un combat de tous les instants. Match de football au féminin. Balle aux pieds, regards acérés, puis épaules contre épaules, physiques qui se percutent, joueuses qui roulent, se relèvent, se regardent et repartent au combat.  C’était France-Canada, hier soir à Bondoufle. On a vu Laura Georges plier Christine Sinclair ; on a vu Wendie Renard se faire tacler plusieurs fois ; on a vu Gaetane Thiney chercher de l’épaule son adversaire ; on a vu Desirée Scott se faire plier en deux .. Et le ballon toujours rouler, courir de pieds en pieds. D’un côté comme de l’autre.

C’est important de gagner des duels psychologiquement, c’est même une arme essentielle du jeu

Un combat de la 1ère à la 93′. Avec surtout … une volonté de ne jamais baisser devant l’adversaire. Ne rien lâcher. Et rien n’a été lâché, effectivement, d’un côté comme de l’autre.

Il faut dire …

.. que les deux équipes ont des choses à se dire et qu’elles ne se voient pas si souvent ..

… qu’il parait que les deux équipes préparent une Coupe du Monde dans deux mois. Le Canada reçoit le Monde ; la France postule au Monde.

… qu’il parait que le Canada a pris la seule médaille que la France aurait pu avoir. Celle aux JO 2012 à Londres (0-1). Un bronze. Alors que dominée par la France jusqu’à la 93′ (0-1)

… qu’il parait que lors de la revanche en 2013, sous la pluie surprenante de la Riviera niçoise, cela a été un orage de volontés (1-1) ; là encore, dominée par la France et le même contenu. Tout à l’arraché.

… qu’il parait, il parait ..

Gaetane Thiney, prête au contact face à la Canadienne.

Gaetane Thiney, prête au contact face à la Canadienne.

Les joueuses françaises ont aimé ce combat. Les filles savent se battre, elles aiment bien « le fighting soccer ».

Les joueuses le savent. Contre le Canada, cela « castagne ». Dans les deux camps, elles le savent d’autant plus qu’un grand nombre ont fait partie de ces deux derniers combats (2012-2013). Les unes en ont une trace sur leur palmarès (Canada), les autres non (France).

Les deux l’ont cependant sur le cœur.

Aucune n’est sortie de la zone mixte en se plaignant. Elles ont toutes parlées de signature. La signature de leur opposition. La France, à domicile, a voulu marquer sa supériorité actuelle (3ème mondial) pour envoyer aux calanques grecques le passé récent de leur opposition et cette médaille de bronze qui s’est refusée alors que méritée ; les canadiennes sont venues se tester après la défaite face à l’Angleterre (0-1, finale du Tournoi de Chypre) en jouant de leur physique, comme on en joue naturellement, sans se poser de questions tout en sachant que c’est une arme qui est utile voire déterminante dans certains cas.

Le spectacle était réservé aux habitués.

Le spectateur du football féminin, assis sur les gradins de Bodin, pense à une chose : L’équipe de France, 3ème mondial, doit gagner. C’est que l’équipe de France de football féminin voyage dans toute la France et il est rare qu’elle repose rapidement ses valises au même endroit (Charlety, Paris, 2012 France-Japon 2-0).

Les filles des deux côtés avaient des choses à se dire. Elles se l’ont dit.
La France a tenu la partie sans faire les scores féminins habituels mais en gagnant un match amical qui avait tout d’un match de compétition. Le jouer devant 11.441 spectateurs, le deuxième score féminin de l’histoire de Robert Bodin pour un stade (20.000 places) qui n’accueille aucun club résident masculin, c’est correct.

L’habitué, qui est le meilleur qualificatif qu’on peut donner à tous, spectateurs et observateurs de ce sport quand les meilleures spécialistes restent les joueuses, pense, en complément : quel combat ! Il est rare de voir un football féminin aussi physique pour un match amical, à deux mois de la compétition, avec les risques de blessure qui vont avec et le désespoir d’être sortie d’une liste qui semble faite.

Les filles des deux côtés avaient quelque chose à se dire ; elles se l’ont dit.

Elles en ont sorti, en zone mixte, en pensant certainement : si on en est aux prémices, la Coupe du Monde à venir, ce sera quelque chose. Car il y a eu du physique.

Un match amical ? Que nenni ! 

Amical, ce match n’avait rien d’amical.  Amical, on ne peut qu’en sourire après avoir vu l’impact que les deux équipes se sont données. Se sont livrées. et visiblement avec le vrai plaisir de « lâcher les chevaux ».

Il faudrait trouver un autre qualificatif, plus précis pour ce genre de match.

Les canadiennes seront difficiles à jouer dans leur pays.
L’impression que j’en ai, 24 heures après la rencontre. Ce match avait tout du parfum d’un match éliminatoire  de Coupe du Monde. 1-0 jusqu’à la 85′ ; une maitrise française d’abord offensive (but à la 34′, superbe gauche d’Eugénie Le Sommer) puis défensive en seconde mi-temps dans les temps forts canadiens. Peu d’opportunités canadiennes mais assez de qualités pour se dire que, ce qui n’a pas marché Jeudi soir, pourrait très bien marcher à la Coupe du Monde pour les Canuks.

Et, en fin de rencontre,  la panique à bord dans les six dernières minutes pour la France qui voulait tenir le score alors que l’attaque canadienne sentait que quelque chose était possible, sans savoir réellement quoi ni comment. Une balle qui vole d’intentions en intentions dans la surface française et sort tout en se rendant compte qu’elle aurait pu être entrante.

Un match type de coupe. Un match Couperet, gagné comme tous ces types de matches : sur le plus petit score 1-0. Mais gagné.

Imaginez ce que ce sera quand le même match aura lieu ; avec là, l’enjeu de .. l’élimination, pour l’une des deux équipes, d’une Coupe du Monde.

Et pour ces deux équipes .. de SA coupe du Monde.

Le Canada pour l’organiser ; la France pour la posséder.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : mon sentiment, si c’est un match de revanche ; alors ce match n’est pas un indicateur. Si c’est un match qui préfigure ce que les équipes préparent pour la Coupe du Monde ; alors rien n’est dit et rien n’est fait, pour toutes les équipes du Top Ten. Le niveau d’engagement est élevé. Il va s’intensifier.

Pour connaître un petit peu le football féminin et avoir été sur cette rencontre. Les canadiennes sont parties de la zone mixte comme étaient parties les norvégiennes à Reims en 2013 (1-0 pour la France) juste avant l’Euro. En chantant. Elles ont fini finalistes de l’Euro 2013.