Le Parc est un sanctuaire.

Si l’architecte Roger Taillibert, qui a construit le Parc des Princes sous sa forme actuelle en 1972, après avoir été crée en 1897, pensait avoir fait un stade,  il s’était trompé. Il a fait un sanctuaire de religion qui aurait pu être celle du football, mais qui est, en fait, le sanctuaire du Paris Saint Germain.

Il en existe des lieux de culte nombreux. Ce sont des lieux comme les autres pour qui ne partage pas l’identité, alors que cela devient des lieux mythiques pour ceux qui vivent l’esprit de la maison : c’est alors, un privilège d’y être, un privilège d’en être acteur, un privilège d’avoir eu l’opportunité d’y avoir joué.

Samedi soir, en zone mixte, les féminines du Paris Saint Germain ont certes communiqué des phrases de raison avec leur qualification historique en demi-finale de la Women’s Champions League, mais ce sont surtout des phrases d’émotions qui sont venues aux lèvres des parisiennes, pour communiquer ce qu’elles ressentaient, pour montrer à quel point, le fait de jouer ce match dans l’enceinte mythique du club dont elles portent les couleurs et l’écusson, les avaient incroyablement interpellé et ému avant et après le match.

En faisant jouer les féminines au Parc des Princes, le PSG a eu « a délivré un message silencieux » incroyable envers ses joueuses qui l’ont interprété avec une force que les mots n’auraient jamais pu apporter.

Le Parc des Princes et les féminines. La force de la communication dite « silencieuse »

Les spécialistes disent que la motivation a comme source, les mots. C’est certainement juste à la condition que l’on accepte la notion de déperdition dans les messages. En effet, si on entend bien, il n’en reste pas moins vrai que les attitudes de l’être humain non hiérarchisé (sans obligation d’obéir à un ordre qui mettrait en jeu sa survie économique ou physique) ne sont dépendants qu’à  5% et 10% des mots entendus et dits par un autre. L’essentiel de ce que nous faisons est d’abord dû à notre interprétation personnelle.

Avec les mots on ne convainc pas, on raisonne. C’est l’interprétation de ce que nous ressentons qui est la source de la motivation. L’être humain se fait sa propre opinion avant d’écouter celle des autres. Le Parc des Princes, objet sans vie, a communiqué auprès des joueuses avec une force aussi importante que les mots.
On peut donc dire que l’être humain est, de base, un électron libre. Il se motive comme il l’entend et non pas comme l’entendent les autres. La seconde source de motivation est donc dans notre interprétation. Les canadiens, précurseurs en psychologie sociale, mettent toutes leurs pédagogies dans le ressenti des gens et non pas dans l’écoute auditive d’un message qui demande l’intervention de la raison et qui aura surtout l’inconvénient de nous forcer à accepter un message, celui d’un autre. Hors, l’être humain civilisé et socialement intégré, déteste avoir tort et adore avoir raison.

Lorsqu’il écoute son interprétation, il a automatiquement raison et personne ne peut lui donner tort. C’est pourquoi la communication silencieuse est la première source de message et surtout la plus importante. D’abord, elle existe à tout moment ; ensuite, elle n’est pas contredite par celui qui interprète. Il va donc s’en faire une première vérité avant, avec le temps et suivant chacun d’entre nous, de s’en faire une raison.

Comme l’individu n’aime pas ne pas savoir, alors il interprète.

Le ressenti, où les sens, récepteurs des messages vont nous donner immédiatement  une opinion sur une chose ou sur un fait qui sera mille fois plus fort que l’opinion que souhaite nous communiquer un tiers. Puisque c’est la nôtre, elle est donc vraie.

Seul le manque de connaissances sur un sujet ouvre à l’écoute des autres. Essayez de vous souvenir d’une discussion : quand elle traite d’un sujet que vous ne connaissez pas, qui vous est nécessaire et fait appel à la connaissance d’un autre, vous en retenez le maximum. Quand elle traite d’un sujet que vous connaissez autant que l’autre, qui vous est nécessaire, vous ne vous souvenez que de vos phrases et de vos mots et devez faire un effort pour vous souvenir avec précision de celles de l’autre.

En faisant jouer les féminines au Parc des Princes, le PSG a eu une stratégie qui a envoyé un message, sans le dire, en le montrant et qui pourrait s’avérer payant, notamment si elle était renouvelée.

Le Parc des Princes a eu une influence incroyable sur les parisiennes. 

Je suis resté surpris par cette force que ce stade a donné aux joueuses. Non pas nécessairement sur le terrain car elles possèdent des qualités qui s’imposent mais au niveau du plaisir qu’elles ont eu à entrer dans la scène « du Parc des Princes » qu’elles n’ont pas la capacité d’utiliser, comme un endroit réservé à d’autres et qui, en tant qu’actrices du jeu, les fait rêver.

Il suffit d’écouter les retours des joueuses en zone mixte et surtout de voir à quel point, le Parc des Princes, était le sanctuaire de la couleur parisienne.

C’est des émotions qui sont difficiles à décrire. La descente de bus, le tapis rouge, tout comme les garçons.
Sabrina Delannoy : « Déjà, la descente du bus, elle était comme chez les garçons. Le tapis rouge, un petit peu de monde qui nous attend et qui nous acclame. Donc là, on était vraiment entré dans le vif du sujet. C’est des émotions qui sont difficiles à décrire. On a eu la chance de pouvoir s’entraîner sur la pelouse, de prendre des repères. Le vestiaire est très grand, de prendre les accès, c’est particulier et en même temps ce n’est que du positif. »
C’est juste génial de jouer au Parc. Les vestiaires, très grand !
Laura Georges : « C’est juste génial de jouer au parc c’est une magnifique pelouse avec énormément d’espaces. Il faut s’y habituer, c’est beaucoup plus de courses mais il n’y a rien à dire. Les vestiaires, c’est super. » Marie-Laure Delie : « Moi en tant que parisienne, c’est un rêve. Jouer au Parc des princes. La pelouse est magnifique. C’est un rêve et un bonheur. [..] Pour moi, c’était le club mythique. Et le stade mythique. Oui, c’est clair, c’est quelque chose que l’on oublie pas. »

Alors en plus marquer au Parc des Princes quand on ne sait pas si on aura l’occasion d’y rejouer : Sabrina Delannoy « J’en ai tiré beaucoup des penalties mais celui là sera particulier. Je joue au Psg depuis 10 ans, marquer un but au Parc des Princes. Je sentais le public derrière moi qui était un petit peu sous pression aussi.

Marquer deux buts dans le plus beau stade du monde, c’est un rêve et un bonheur
J’ai essayé simplement de me mettre dans ma bulle. De penser que c’est un penalty comme les autres, même si ce n’est pas le cas. Après, j’ai savouré d’avoir réussi à marquer. » pour finir par Marie-Laure Delie : « marquer deux buts [..]  Et cela a été ce soir, sur le plus beau stade du monde. »

Lorsque les féminines sont entrées au Parc des Princes, tout a concouru à donner des messages d’unité, de force, de respect, de rareté et de privilèges aux féminines. C’est la force d’un stade, c’est la force d’un club et c’est aussi la force du football, car tout cela se partage, se transmet, diminue, augmente, explose, se raréfie mais est absolument nécessaire, vital, essentiel.

Les mots, c’est bien pour motiver ; mais l’essentiel est dans ce que les gens ressentent. Le Parc des Princes a une couleur particulière pour les féminines du PSG et les parisiennes. C’est, à l’évidence, leur maison.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • Pour moi, le Parc des Princes, c’est Francis Borelli (1982) qui embrasse la pelouse du Parc après l’égalisation à la dernière seconde de Dominique Rocheteau, reconverti avant-centre, face à son ancien club Saint-Etienne qui l’avait fait naître l’Ange Vert ; c’est Louis Nicollin (1990) qui mange l’oreille de Michel Mezy, les deux pour une victoire en Coupe de France ; c’est la reprise de volée horizontale de Jean-Michel Larqué (Saint-Etienne) en finale face au RC Lens ; c’est la tête de Kombouaré face au Réal de Madrid, et ce sont tous les matches de l’équipe de France de football avant 1998 avec la note très rare de 10/10 délivrée par l’équipe pour Michel Platini, lors d’un France-Italie amical ; puis … et puis … On peut dire que c’est le stade de l’émotion.
  • Aujourd’hui, le Parc des Princes, c’est la demeure du Paris Saint Germain. Respect.

borelli