La D1 est si difficile que chaque match est une sorte de combat. Avec maintenant ses surprises. Brad Pitt qui nous avait invité à son mariage (journée 1) s’inquiète un peu.

C’est si serré dans ce championnat que c’est la Guerre.

Nicolas Gonfalone, coach d’Issy football féminin, au téléphone dans le train résume le match face à Saint-Etienne : « Ca été la Guerre ! Honnêtement, je vais te dire William, à ce jeu là, on a gagné, mais on aurait pu perdre ».
Et quand au fil de notre discussion, je lui dis que compte tenu de la configuration du championnat, des enjeux et des risques de descendre pour près de 50% des clubs, l’essentiel est la victoire, peu importe le contenu. Il acquiese puis rajoute : « Ce sera comme cela à chaque semaine, jusqu’au bout. Pour tout le monde. »
Le soir, même, je vois sur l’ordinateur que Brad Pitt vient faire une promotion pour son film « Fury ». Je l’imagine intéressé par le football féminin, l’oreille sur les résultats, puis .. poser en « Off » la question centrale : « Man, French Women’s soccer .. Does it the War? »
« Hep, Mister Brad, french resident please! And Just Married! » Félicitations ! Ce serait-il Lyon qui vous impressionne ? Il veut nous montrer qu’il sait appliquer l’adage mathématiques que tout bon élève scolarisé en France a entendu, et réentendu : « la preuve par 9 ». Non, Brad, il s’agit juste d’une petite discussion familiale.

Petite discussion familiale entre Lyon et le PSG

Lyon – Soyaux (9-0) Voilà les lyonnaises, en pleine période de vacances scolaires, qui nous font un cours de mathématiques appliqué au Monde du football. Lyon-Brescia 9-0 pour le match retour du 1er tour de la Women’s Champions League. Et juste après, Lyon-Soyaux 9-0 pour cette septième journée de championnat avec un quadruplé de la jeune et talentueuse norvégienne Ada Hegerberg (19 ans, 12 buts, en tête du classement des buteuses).
Les lyonnaises nous feraient plutôt une leçon d’efficacité offensive avec 45 buts en 7 journées, ce qui fait pas loin de 7 buts par match. Et peut-être même, une leçon de psychologie en sonnant fort pour être entendue partout en France, et surtout à Paris.
PSG – Albi Asptt (6-0) Paris Saint Germain a entendu. Fallait-il sonner si fort pour que le tocsin lyonnais traverse les campagnes du football féminin. Les féminines parisiennes connaissent trop la force de ces cosmonautes de l’espace qui font des aller-retour sur la Lune pour en avoir besoin. Les parisiennes ont d’autres armes. Elles se percoivent aux interviews. Il y a une grande expérience chez elles. Une évidence s’impose : ces féminines ne sont pas influençables. Quant à ce qui touche au ballon, elles ont assurément une belle défense.
9-0 pour Lyon face à Soyaux. 6-0 pour Paris face à Albi. Lyon a eu le mot le plus fort. Normal. Après, il faudra voir pour les trois prochains matchs. Normalement, Lyon devrait l’avoir mais Paris a aussi des armes. Offensives. 5-0 sur une mi-temps face à Albi, c’est pas si mal.
Less deux commandos français continuent leur chemin victorieux (aucune défaite, aucun nul). En attendant le prochain débarquement européen (8 à Charlety et 15 novembre 2014 à Gerland)

Montpellier, Juvisy, Guingamp. Petites discussions familiales.

Arras Fcf – Montpellier Hsc (0-6): Montpellier était en bout de table (5è). Poussé par Guingamp qui entrait de force dans ce quintet, prêt à prendre la 3ème place. Est-ce Louis Nicollin qui a tapé du poing ? Est-ce les dramatiques événements naturels qui ont ramené à la raison et à l’action les jeunes pousses montpelliéraines ? Mais Montpellier a replacé Arras dans une réalité dont elle aura du mal à sortir (0-6).
Les trois gros ont rugi. 21 buts dans cette journée, 0 encaissé. « Si c’était pas la guerre, Brad. Ca y ressemblait ». Ca a mitraillé sec. A part les mouches, je ne vois pas ce qui peut rester de vivant. Quand ils sont sensibles comme cela, il faut attendre. Cela va passer.
Rodez-Juvisy (0-1) : Rodez perd 4 points pour 15 secondes de but (le temps moyen d’une action offensive). Frustrant. D’autant plus que c’est 3 points qui manquent. Juvisy, de son côté, est parti en éclaireur. La jeune Diani Kadidiatou ne sait pas encore ce que c’est que la guerre. Alors elle s’est contentée d’un petit but en terre ruthénienne. Simple. Un tir de sniper. Comme à la fête foraine. Hop, 4 points et on repart. Peu importe le détail, l’essentiel est là. Les plus anciennes regardent. On ne sait jamais. Une opportunité dans le Top 2 ?
Guingamp – Fc Metz (2-2) : Guingamp est en train d’apprendre que la D1 est facile pour le Top Four. Et qu’il n’est pas si facile d’être dans le Top Four.
Le FC Metz, avec sa Croix de Lorraine, a mis en place son 18 juin 1940, et toutes les féminines ont embarqué dans l’aventure de la reconquête et de la rebellion. 24 buts encaissés dans les 3 premières journées, aucun de marqué. On appelle cela un désastre.
Puis une rebellion et maintenant, 2 victoires, 1 nul face à Guingamp qui avait la couleur d’une victoire (en menant 1-2 à l’extérieur). Mais Griedge (Guingamp), capitaine courage, a renversé la situation et d’un but (2-2) a remis Guingamp sur les rails. Pour la seconde fois. Du tempérament cette jeune féminine.

Saint-Etienne – Issy FF, forte discussion familiale.

Saint-Etienne – Issy FF (1-2) Nicolas me l’a dit. « Match nul, c’est logique, mais c’est possible que l’on perde. Saint-Etienne a un duel en début de match (2′). Si elle est au fond, c’est plié ».
Pourtant, Issy a mené 2-0 à Saint-Etienne sur une superbe pelouse et avec des joueuses, en face qui faisait dire à Nicolas Gonfalone : « elles ne resteront pas longtemps à cette place. C’est là où je suis content, c’est d’avoir pris des points là ou d’autres n’en prendront peut-être pas. »
Qui connait Nicolas dans la discussion sait qu’il écoute toujours les autres. Cela ne l’empêche pas de mettre en valeur son point de vue et même de l’imposer. Affaire d’éducation et de caractère. Alors, il le dit. Les féminines d’Issy ont joué le match qu’il fallait pour gagner et se donner les ailes de l’espoir. Normal. Après avoir été les seuls à prendre les quatre gros du championnat, qu’Issy se retrouve avec la récompense de leur travail.
En gagnant 1-2 à Saint-Etienne et en subissant sans plier les vingt dernières minutes dans la moitié de leur camp, elles ont réussi ce qu’elles avaient réussi face au PSG en seconde mi-temps, sous la pluie. Protéger leur cage vierge et presque réussi face à Lyon en 1ère mi-temps.
Je crois à l’identité d’une ville sur un club. Une prégnance. Quelque chose de fort. Quand j’ai demandé au coach d’Albi quelle était l’identité locale de la Ville d’Albi, il m’a parlé des Cathares, de la cathédrale, du rugby.
Issy est en train de montrer que la ville lumière est faite de diversité. Et dans cette diversité, l’abnégation peut aussi habiter Paris et sa banlieue.
« Et oui, Brad, nulle guerre il n’y a ». C’est juste un combat. Sportif. Les 12 sont là. Toutes se connaissent et veulent quelque chose. Alors, quand elles jouent, elles sont là.
Elles parlent juste sport. Une discussion sportive. Familiale. de gros scores mais juste une discussion familiale. La prochaine ? Une réunion familiale. Entre Lyon et le PSG. 3 repas. Matin, midi et Soir. Ca va discuter sec.
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